Annonce La candidature Wolfowitz à la tête de la Banque mondiale provoque des remous WASHINGTON (AFP) - L'annonce du choix de l'un des faucons de l'administration Bush, fervent défenseur de l'invasion de l'Irak, Paul Wolfowitz, comme candidat à la présidence de la Banque mondiale, a soulevé l'ire des organisations humanitaires alors que l'on est resté prudent dans les capitales européennes. Seul le chef de la diplomatie britannique Jack Straw s'est immédiatement dit prêt à travailler avec M. Wolfowitz lorsqu'il sera officiellement confirmé. Le président Jacques Chirac a indiqué, selon un de ses porte-parole, "que la France allait examiner (la candidature) dans l'esprit de l'amitié entre la France et les Etats-Unis et au regard de la mission capitale de la Banque mondiale au service du développement". "L'enthousiasme dans la vieille Europe reste très discret" après cette décision, a ironisé la ministre allemande chargée de l'aide au développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul, citée jeudi dans le quotidien Sueddeutsche Zeitung. "Paul Wolfowitz est le candidat le plus controversé que Bush ait pu choisir", a lancé Njoki Njoroge Njehu, directeur du réseau "50 years is enough", qui lutte pour une réforme des institutions multilatérales. Selon lui, "la balle est maintenant dans le camp des Européens". Même s'ils ne proposent pas de noms de candidats, les Européens peuvent mettre leur véto à celui avancé par les Etats-Unis pour la présidence de la Banque mondiale. Les Américains avaient fait de même lors de la nomination du directeur général du FMI en 2000 estimant que le candidat allemand, Caïo Koch-Weser, était "trop mou". Les Européens avaient dû trouver un autre candidat allemand, finalement nommé, Horst Koehler. Le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, fidèle allié du président américain George W. Bush, a annoncé jeudi apporter son soutien à la candidature du secrétaire adjoint américain à la Défense. La Chine a déclaré pour sa part jeudi qu'elle était prête à travailler avec Paul Wolfowitz. Après la nomination récente par la Maison Blanche d'un autre néo-conservateur, John Bolton, comme ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, "le message est que la politique étrangère des Etats-Unis est solidement entre les mains de néo-conservateurs", selon Steve Clemons, expert du groupe de recherche New American Foundation. Le choix s'est porté sur Paul Wolfowitz "après l'examen de nombreux candidats exceptionnels", a souligné le secrétaire au Trésor John Snow ajoutant que l'élu "est un dirigeant, gestionnaire et diplomate qui a fait ses preuves". L'expérience en matière de développement de Paul Wolfowitz se limite toutefois à ses trois années comme ambassadeur américain en Indonésie de 1986 à 1989. Les Etats-Unis proposent depuis plusieurs mois de remplacer les crédits octroyés aux pays pauvres, souvent incapables d'honorer leurs dettes, par des dons, au grand dam de certains qui y voient une menace pour les fonds et l'avenir même de la Banque mondiale.