Annonce La Californie et la Floride suspendent les exécutions capitales par injection létaleLe gouverneur de Floride, Jeb Bush, a ordonné, vendredi 15 décembre, un moratoire sur les exécutions capitales tant que n'auraient pas été éclaircies les conditions dans lesquelles est mort le détenu Angel Nieves Diaz, 55 ans, le 13 décembre. Exécuté selon la méthode d'injection létale, le condamné a mis 34 minutes à mourir et les témoins l'ont vu réagir et essayer de parler, alors que les substances chimiques sont censées conduire à une mort rapide et sans douleur. L'autopsie a montré des brûlures sur son bras. Il semble que l'aiguille ait traversé la veine et que les produits se soient répandus dans les tissus.Angel Nieves Diaz, condamné à mort pour le meurtre du gérant d'un bar en 1979, avait déposé des recours pour contester cette méthode d'exécution, tout comme nombre de ses codétenus.Jeb Bush, qui est le frère du président George Bush, a demandé à une commission d'enquête d'établir si le protocole en vigueur pour les exécutions capitales se trouve "en accord avec le 8e amendement de la Constitution qui interdit les châtiments cruels et inhabituels". Le gouverneur, qui arrive en fin de mandat, n'en reste pas moins favorable à la peine de mort et à la méthode par injection. La Floride a été en 2006 le quatrième Etat pour la peine de mort, avec 4 exécutions, loin derrière le Texas, où 24 détenus ont été tués.Un autre coup de frein aux injections létales a été donné, vendredi, par le juge Jeremy Fogel de Californie. Déclarant cette méthode non conforme à la Constitution, il a demandé aux autorités de revoir le choix des substances employées. Il a aussi dénoncé le "manque de professionnalisme" dans lequel se déroulent les procédures. Par déontologie, les médecins s'interdisent de participer aux exécutions. Celles-ci sont effectuées par le personnel carcéral."ÇA NE MARCHE PAS !"Depuis un an, 41 recours ont été introduits en justice contre la méthode d'injection létale - la plus utilisée dans les 38 Etats qui appliquent la peine de mort - estimant que rien ne prouve que le détenu est inconscient au moment où lui sont administrées les substances violentes. En mai, un détenu de l'Ohio avait mis 90 minutes pour mourir et les témoins l'avaient entendu hurler : "Ça ne marche pas !" La publicité autour de ces souffrances a contribué au reflux de la peine capitale. Selon les statistiques annuelles du Death Penalty Information Center (DPIC), publiées le 14 décembre, 53 exécutions ont été pratiquées en 2006, contre 60 l'année précédente, soit le nombre le plus faible depuis 1996.La méthode d'injection létale est inchangée depuis trente ans. Une première piqûre de barbiturique (thiopental de sodium) est censée endormir le condamné. Une deuxième le paralyse (bromure de pancuronium). Une troisième lui arrête le coeur (chlorure de potassium).Le médecin de l'Oklahoma qui a inventé le "cocktail", le Dr Jay Chapman, a expliqué au New York Times qu'il ne recommanderait plus aujourd'hui la même formule mais plutôt une dose massive et immédiate de barbituriques. Mais le spectacle serait plus pénible pour les témoins et les bourreaux. "La question qui est au coeur du débat est de savoir si on privilégie le confort des prisonniers ou celui des témoins qui les voient mourir", explique le journal. Jusqu'ici, la priorité a été donnée à une mort rapide. Selon les anesthésistes, avec un mélange de substances différent, la mort serait plus longue à venir. Et elle pourrait être accompagnée de "sursauts qui seraient inconfortables à observer".
