Annonce La BBC prévoit de supprimer 2 050 emplois sur trois ansLe drapeau flottant au-dessus du "Four Millbank", le bâtiment situé à quelques encablures du Palais de Westminster qui abrite le service de politique intérieure de la BBC, pourrait être en berne. L'annonce, lundi 21 mars, par le directeur général du service public, Mark Thompson, de la suppression de 2 050 emplois sur trois ans dans les secteurs de l'information, des programmes ainsi que des régions, a plongé la rédaction dans une belle déprime."La direction m'avait déjà discrètement prévenu dans la matinée qu'à son expiration, à la rentrée, mon contrat ne serait pas renouvelé. Mon épouse, journaliste d'investigation devenue pigiste, est dans la même situation. C'est un jour noir pour la BBC", affirme le producteur d'une émission parlementaire.Le service de l'info, BBC News, la fierté de cette maison vieille de 82 ans, le sport, les programmes pour enfants, les variétés et les dramatiques sont visés. Devant la machine à café, un journaliste déplore le départ prévu de dix journalistes de politique intérieure : "La densité de notre couverture va indéniablement s'en ressentir." Sur le panneau réservé aux notices syndicales, une main a griffonné un "BBC libre" sur une photographie de Che Guevara.DOULOUREUX MAIS NÉCESSAIRE" Nous vivons la période la plus difficile dont quiconque puisse se souvenir. C'est un processus difficile et douloureux, mais nécessaire" : pour Mark Thompson, aux commandes depuis un an de "Auntie" ("Tantine"), le surnom de la BBC, cette deuxième vague de suppressions d'emplois était une priorité pour garantir l'avenir. Dans un premier temps, l'institution a annoncé, le 10 mars, 1 730 départs dans les services administratifs et financiers et le marketing. Le "contenu" radio, télévision, information est dans le collimateur de l'état-major. 3 000 emplois le double si l'on tient compte des activités annexes privatisées sur des effectifs de près de 28 000 personnes seront éliminés.Ces mesures conjuguées à la sévère cure d'austérité imposée à la filiale commerciale Worldwide devraient dégager 355 millions d'économies annuelles.Le 2 mars, le gouvernement a présenté un avant-projet de révision de la Charte royale de l'audiovisuel public renouvelant le système de la redevance pour dix ans (Le Monde du 5 mars) Son maintien a éloigné la menace de sa privatisation partielle.Actuellement, la BBC domine largement ses concurrents. La relance des émissions d'information de renom ("Panorama","Question Times","Newsnight"), le triomphe des comédies ("Little Britain","The Office") et des séries dramatiques de qualité lui ont permis d'attirer un public plus large. Alors que ITV plonge, que Channel Four et Sky One vivotent, la télévision d'Etat progresse dans l'Audimat."En échange de cet engagement, le gouvernement exige de la BBC qu'elle se démarque du secteur privé grâce à une grille innovatrice. Mais pour prendre des risques, il faut disposer des moyens matériels et en hommes à la hauteur de ces ambitions. Dans ce contexte, la sécurité de l'emploi est primordiale", s'étonne Alkarin Jovani, critique de télévision de l'hebdomadaire Time Out.
