Annonce La Banque d'Angleterre relève ses taux d'intérêt pour contenir l'inflationC'est surtout l'envolée des prix de l'immobilier et l'endettement des ménages qui inquiètent les membres du comité de politique monétaire britannique.La Bank of England (BoE) a relevé, jeudi 10 juin, ses taux d'intérêt pour la quatrième fois depuis novembre 2003, afin de limiter les risques de surchauffe de l'économie britannique, en raison de l'endettement des ménages et de la flambée des prix de l'immobilier. En relevant ses taux d'intérêt de 25 points de base, à 4,5 %, un mois après une première hausse de 25 points de base, la banque centrale britannique a voulu envoyer un message fort. Il faut en effet remonter à début 2000 pour retrouver trace de deux hausses successives du loyer de l'argent de la BoE en deux mois.Comme elle l'a stipulé dans son bref communiqué, la Banque d'Angleterre a pris cette décision pour tenter d'empêcher un dérapage de l'inflation. "Les pressions inflationnistes vont probablement augmenter. Le comité de politique monétaire estime donc qu'une hausse [des taux d'intérêt] est nécessaire pour que le taux d'inflation reste dans l'objectif officiel" de 2 % assigné par le gouvernement, a indiqué la BoE.LE FORT ENDETTEMENT DES MÉNAGES BRITANNIQUESLa Banque d'Angleterre est officiellement chargée de garder l'inflation sous contrôle, mais elle ne perd pas de vue la reprise économique en Grande-Bretagne, qui pourrait être menacée par l'attitude de consommateurs britanniques. "Les dépenses des ménages, les dépenses publiques et les investissements ont tous fortement progressé et le marché de l'immobilier reste robuste", souligne le communiqué de l'institution financière. C'est surtout l'envolée des prix de l'immobilier et l'endettement des ménages qui inquiètent les membres du comité de politique monétaire et les experts.La banque Halifax, numéro un du crédit immobilier en Grande-Bretagne, a indiqué, lundi, que les prix de l'immobilier avaient augmenté de 2,2 % en mai par rapport à avril et de 20,4 % sur un an. Or cette envolée des prix incite les Britanniques qui possèdent un logement à emprunter, en garantissant leurs crédits sur le montant de leurs biens immobiliers.Les Britanniques n'ont jamais autant emprunté pour acheter à crédit des voitures, des ordinateurs ou des voyages. Par conséquent, ils n'ont jamais été aussi endettés. Selon le cabinet d'études Datamonitor, les dettes non garanties des Britanniques ont atteint de nouveaux sommets en 2003, à 207 milliards de livres (312 milliards d'euros). Les emprunts immobiliers ont bondi pour afficher une valeur de 271 milliards de livres (408 milliards d'euros) à la fin 2003, a ajouté Datamonitor.UNE "POLITIQUE DE CHOC"Pour Ross Walker, économiste à la Royal Bank of Scotland, "l'état du marché immobilier et la progression de l'endettement des ménages est le facteur clef derrière la décision de la BoE : les banquiers centraux veulent voir un peu de modération". "Les taux d'intérêt étaient jusqu'à novembre dernier (3,5 %) à un niveau anormalement bas", a-t-il poursuivi en estimant que le loyer de l'argent devrait atteindre rapidement 5 %.De son côté, Simon Rubinsohn, économiste au groupe financier Gerrard, prédit que le taux d'intérêt directeur de la BoE devraient s'établir à 5,5 % à la mi-2005. "Même si elle a décidé de relever ses taux d'intérêt deux mois de suite, la Banque d'Angleterre devrait continuer à privilégier son approche gradualiste en augmentant les taux à un rythme régulier", a estimé cet économiste.Les organisations patronales et professionnelles espèrent également que l'institut monétaire britannique renouera avec "sa stratégie mesurée" et délaissera cette "politique de choc", selon Digby Jones, directeur général de la principale organisation patronale britannique, la CBI.Le krach du marché immobilier du début des années 1990, consécutif au relèvement brutal des taux d'intérêt par la BoE, avait projeté la Grande-Bretagne dans une période de crise.
