Élection La BAD élit son nouveau président, le Rwandais Donald KaberukaLa Banque africaine de développement (BAD) s'est donnée un nouveau président en la personne du ministre des finances rwandais, Donald Kaberuka. Celui-ci a été largement élu, jeudi 21 juillet, par une assemblée générale extraordinaire des gouverneurs. M. Kaberuka a obtenu au second tour de scrutin 78,82 % des voix du total des Etats membres de la BAD, dont 68,20 % du collège des pays africains, selon un décompte officiel publié à l'issue de la réunion dans un grand hôtel de Tunis. Au total, 55 des 75 Etats actionnaires présents ont accordé leurs voix à M. Kaberuka. Fondée en 1964, la BAD est l'une des principales institutions multilatérales de développement au monde. Les financements de cette institution ont été multipliés par quatre entre 1995 et 2004, a rappelé le premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, à l'ouverture de l'assemblée. La passation de pouvoirs est prévue début septembre au siège temporaire de la BAD, relocalisé d'Abidjan à Tunis début 2003, en raison de la crise en Côte d'Ivoire. Le président du groupe de la BAD est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, et les pouvoirs de vote sont au pro rata des actions détenues par les Etats actionnaires.CAMPAGNE POUR DU "SANG NEUF"M. Kaberuka avait fait campagne pour du "sang neuf" à l'institution. Il avait mis en avant ses "huit années de gestion économique et financière, de réformes budgétaires, avec une expérience dans la restructuration économique et la reconstruction post-conflit". Ministre des finances, il a participé à la politique économique appliquée au Rwanda après le génocide de 1994, saluée par les instances financières internationales.Un premier round, en mai dernier à Abuja, n'avait pas permis de départager les deux candidats en lice à Tunis, après l'élimination de représentants du Cameroun, du Gabon, du Ghana et du Zimbabwe. "Le scrutin de jeudi a montré une Afrique unie", a déclaré le candidat élu, remerciant ses électeurs pour "la confiance" placée en lui. "Notre continent est à la croisée des chemins", a-t-il ajouté, évoquant "l'intérêt culminant de la communauté internationale pour soutenir l'Afrique". "Je promets d'en tirer le plus grand avantage et de servir tous les pays dans toutes les régions du continent", a-t-il dit, avant de donner l'accolade à son concurrent déçu du Nigeria.Le gouverneur des Etats-Unis, David Loevinger, a jugé "excellent que pays donateurs et membres africains soient parvenus à un consensus pour départager deux candidats forts". "Nous sommes d'autant plus heureux que le gagnant ait été doté d'un mandat fort et qu'il ait de l'autorité", a-t-il déclaré, ajoutant que l'Afrique doit "profiter du grand intérêt" exprimé par le sommet du G8.La France a également appuyé le candidat rwandais. Dans un communiqué, le ministre des finances, Thierry Breton, s'est réjoui du "large soutien [obtenu par M. Kaberuka] émanant de toutes les régions d'Afrique ainsi que des partenaires de la Banque africaine, dont la France". Le président sortant, Omar Kabbaj, salué pour le résultat de ses mandats, a évoqué les initiatives du G8, notamment la décision d'annuler la totalité de l'encours de la dette des pays pauvres très endettés. Pour lui, cet intérêt constitue "une reconnaissance du rôle de chef de file" de la BAD.M. KABERUKA SOUTENU PAR LES BAILLEURS DE FONDS Donald Kaberuka est apprécié des bailleurs de fonds internationaux, auprès desquels il a négocié la réduction de la dette de son pays, et des Africains, qui voient en lui un lien entre pays anglophones et francophones.Secrétaire d'Etat au budget en mars 1997, il était devenu en octobre ministre des finances et de la planification économique. Le Rwanda dépendant de l'aide internationale, le nouveau ministre a mené les réformes qui ont conduit l'économie du Rwanda, dévasté par le génocide de 1994, sur la voie de la croissance (7 % à 8 % de moyenne par an) et de la bonne gouvernance, qui font aujourd'hui du Rwanda l'un des "bons élèves" en Afrique. Il est notamment le principal artisan de la "Vision nationale 2020", stratégie de développement arrêtée pour faire du pays des Mille Collines un modèle à suivre, et appréciée sur le plan international.
