Scandale La 18e cérémonie des Molières a été perturbée lundi soir par une grève des personnels techniques du Théâtre des Champs-Elysées (TCE), invités à ce mouvement par une trentaine de membres de la coordination des intermittents d'Ile-de-France et des membres de la CGT Spectacle. Selon la direction du TCE et l'Association professionnelle artistique du théâtre qui organise les Molières, la cérémonie devait se dérouler normalement et aucun arrêt de travail n'avait été déposé. Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a tenté une médiation à huis-clos. En vain. Après plus de 40 minutes de discussion, rideau baissé, les 21 techniciens ont voté à bulletins secrets la grève à 12 pour, 7 contre et 2 bulletins blancs. Un représentant des techniciens s'est alors présenté sur la scène, face au public, avec l'intention d'annoncer la grève surprise. "Longue vie au théâtre" Il a été accueilli par les huées de la salles. Dans une cacophonie indescriptible, le comédien Philippe Khorsand est monté sur la scène à leur rencontre: "Vous ne comprenez rien, vous êtes nuls ! Ce que vous faites ce soir est un scandale", leur a-t-il dit dans une grande colère. Alors que les invités refusaient de quitter la salle, Gérard Maro, directeur de l'Œuvre et l'un des organisateurs de la soirée, a proposé la lecture du palmarès, "en réponse à ceux qui ont empêché la cérémonie". Dans une ambiance plus conviviale, Jean Piat et Michel Drucker ont officié, en présence du ministre de la Culture resté dans la salle. "Cette soirée me rappelle le festival de Cannes en 1968 !", a lancé Michel Drucker, déclenchant l'hilarité. Très vite, le système de sonorisation a été coupé en coulisses et n'a plus été rétabli. "C'était la moindre des choses que ce palmarès qui récompensent des comédiens de grand talent, soit connu", a déclaré Michel Drucker. Pour Jean Piat, "les intermittents sont mal écoutés et ne peuvent se contenter de mots. Ce soir, entre la fête et les gens qui sont à la rue, il y a eu incompatibilité et je le regrette". En allant chercher son Molière, Zabou Breitman, sacrée meilleur metteur en scène, a souhaité "longue vie au théâtre". "Mais il va falloir y travailler", a prévenu la comédienne sous les applaudissements.