Annonce Kofi Annan "déçu" par son fils impliqué dans un scandale de corruption à l'ONU Le programme "Pétrole contre nourriture", en vigueur de décembre 1996 à novembre 2003, visait à atténuer l'impact des sanctions internationales sur la population irakienne. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, est dans une position inconfortable à la suite de nouvelles révélations concernant les activités de son fils, alors que des appels en faveur de sa démission sont apparus dans certains médias américains. M. Annan a dû reconnaître un certain désarroi devant la révélation que son fils, Kojo, avait été rétribué pendant plusieurs années par une compagnie ayant participé au programme "Pétrole contre nourriture" de l'ONU en Irak. Ce programme est aujourd'hui au centre d'un énorme scandale de corruption et fait l'objet de nombreuses enquêtes, dont une menée par une commission indépendante nommée par M. Annan et dirigée par Paul Volcker, un ancien président de la banque centrale américaine. "J'AI ÉTÉ TRÈS DÉÇU ET SURPRIS" Le porte-parole de M. Annan, Fred Eckhard, avait admis, vendredi 26 novembre, à la suite d'un article de presse, que Kojo Annan avait continué à être payé jusqu'en février 2004 par la société suisse Cotecna, qu'il avait quittée en 1998. Le maintien d'une rémunération mensuelle à Kojo Annan après son départ de la Cotecna était connu, mais elle était censée avoir cessé fin 1999, et non en février 2004, soit juste après la révélation du scandale par un journal de Bagdad. A son retour lundi au siège de l'ONU à New York après une absence de plus d'une semaine, M. Annan a été assailli de questions sur le scandale "Pétrole contre nourriture". "Naturellement, j'ai été très déçu et surpris", a-t-il déclaré à propos des informations concernant son fils, ajoutant qu'il comprenait "le problème de perception que cela pose pour l'ONU, la perception d'un conflit d'intérêts ou de malversations". Mais il a souligné que son fils était seul responsable de ses actes : "Il est majeur, je ne me mêle pas de ses activités et il ne se mêle pas des miennes." M. Annan a réaffirmé qu'il "ne participe pas aux attributions de contrats" de l'ONU et appelé tout le monde à "être patient jusqu'à ce que M. Volcker ait fini son travail". Dans deux tribunes publiées lundi par le New York Times et le Wall Street Journal, l'éditorialiste de droite William Safire et un éditeur de site Internet connu se sont livrés à une virulente attaque contre M. Annan, estimant le moment venu pour lui de démissionner. LE PLUS GRAND SCANDALE D'AIDE HUMANITAIRE DE L'ONU De son côté, l'ambassadeur américain à l'ONU, John Danforth, s'est refusé à exprimer sa confiance en M. Annan, dont les relations avec l'administration Bush sont notoirement mauvaises depuis le déclenchement de la guerre en Irak sans l'aval de l'ONU. "Je ne crois pas que le gouvernement des Etats-Unis va se dépêcher d'émettre un jugement avant que tous les faits n'aient été établis", a répondu M. Danforth à un journaliste qui lui demandait si Washington avait encore confiance en M. Annan. "Les accusations relatives au programme 'Pétrole contre nourriture' sont très sérieuses. Si elles se révèlent exactes, elles affecteront l'intégrité des Nations unies", a-t-il ajouté. Et il a émis le souhait que la commission Volcker remette les documents qu'elle détient aux commissions du Congrès américain qui enquêtent elles aussi sur le programme "Pétrole contre nourriture". Jusqu'ici, M. Volcker a opposé un refus poli à plusieurs requêtes en ce sens des commissions du Congrès. "Pétrole contre nourriture", en vigueur de décembre 1996 à novembre 2003, visait à atténuer l'impact des sanctions internationales pour la population irakienne. Il autorisait l'Irak à vendre une quantité limitée de pétrole pour acheter des produits alimentaires et humanitaires. Mais il a débouché sur le plus grand scandale d'aide humanitaire dans l'histoire de l'ONU quand un journal de Bagdad a publié, en janvier 2004, une liste de personnes et de sociétés gouvernementales ayant apparemment tiré profit du système. La Cotecna, une société de services, avait été de 1999 à 2003 sous contrat avec l'ONU pour inspecter les marchandises qui pénétraient en Irak aux termes du programme.