Prix Kimi Räikkönen gagne, mais Fernando Alonso résiste un tour de piste, deux continents", proclamait un slogan partout visible dans les rues d'Istanbul. "Une course, deux vainqueurs", aurait-on pu dire à la fin du 1er Grand Prix de Turquie. Disputée sur un magnifique circuit, dessiné par la société allemande Tilke Ingeneering dans la banlieue asiatique d'Istanbul, la course a été survolée par Kimi Räikkönen (McLaren-Mercedes). Pourtant, sur le podium, c'est Fernando Alonso (Renault), son dauphin du jour, qui avait le sourire.Le pilote finlandais, parti de la pole position, s'était bien fait dépasser au départ par l'autre pilote Renault, l'Italien Giancarlo Fisichella, qui s'élançait à ses côtés sur la première ligne. Mais, moins d'un tour plus tard, "Iceman" ("l'homme de glace") a repris les commandes de la course pour ne plus les lâcher jusqu'à l'arrivée. Il devance finalement Fernando Alonso et son coéquipier Juan Pablo Montoya. Sans surprise, tant la supériorité des Flèches d'argent sur la concurrence est probante depuis plusieurs grands prix, Kimi Räikkönen remporte ainsi en Turquie sa 5e victoire de la saison, la 2e d'affilée après celle décrochée sur le circuit du Hungaroring, à Budapest, le 31 juillet.Cependant, à l'arrivée, le Finlandais était loin d'exulter en brandissant le trophée remis par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Car, en terminant 2e, Fernando Alonso a largement limité la casse et les espoirs de son concurrent direct au championnat du monde. Le jeune Espagnol, qui dispose encore de 24 points d'avance sur son adversaire au classement provisoire du championnat des pilotes, admettait s'en être tiré à très bon compte : "Nous savons que les McLaren sont plus rapides. Ce résultat est le meilleur que j'aurais pu espérer ce week-end." L'Espagnol n'a jamais été en mesure de disputer la victoire. Mais il a su faire preuve de pugnacité et d'une opportune régularité, à l'affût de la moindre erreur, pour parvenir à rester dans le sillage des monoplaces de l'écurie anglo-allemande.A trois tours de l'arrivée, Juan Pablo Montoya, dont la monoplace manifestait des signes d'instabilité, a craqué sous la pression de son poursuivant. Lors d'une manoeuvre de dépassement sur le Portugais Tiago Monteiro (Jordan), un concurrent attardé, à un endroit où "les pilotes s'étaient mis d'accord pour ne pas s'attaquer" , selon ce dernier, le Colombien se faisait heurter et partait en tête à queue.Pénalisé par un "diffuseur" endommagé qui lui faisait quitter la piste au tour suivant, il ne pouvait rien contre le dépassement qui permettait, in extremis, à Fernando Alonso, de lui ravir la 2e place du podium à deux tours de l'arrivée. "Je suis déçu, car la 2e place aurait été facile à obtenir" , regrettait Juan Pablo Montoya après la course.La déconvenue du Colombien offre donc deux points précieux au pilote vedette de Renault. Il suffit désormais à Fernando Alonso d'assurer des places d'honneur et de contrôler son rival pour se diriger tout droit vers un premier titre mondial qui ferait de lui le plus jeune champion de l'histoire de la F1, à 24 ans.A cinq grands prix de la fin de saison, le titre constructeurs apparaît en revanche beaucoup plus indécis, Renault ne disposant que d'une avance de 9 points sur McLaren. Cette situation ne manque pas de ravir les amateurs de sports mécaniques, impatients de voir comment vont se disputer les dernières manches d'une saison enfin disputée, après les années de domination sans partage de FerrariPour la Scuderia, ce premier Grand Prix de Turquie a tourné au calvaire. "C'est une course à oublier" , lâchait le patron de l'écurie Jean Todt. "En fait, dès vendredi, il était clair que nous étions en difficult é" , reconnaissait le septuple champion du monde allemand, Michaël Schumacher, 17e après son abandon au 32e des 58 tours de l'épreuve. Ferrari a maintenant du pain sur la planche pour tenter de retrouver quelques couleurs d'ici à la prochaine épreuve, dans deux semaines. Ce sera en Italie, à Monza, le fief de la marque.Malgré le cavalier seul de Kimi Räikkönen, ce 14e grand prix de la saison aura offert une course très vivante, due notamment à la qualité du circuit d'Istanbul. Rapide et spectaculaire, il offre du relief, des changements de rythme et des courbes surprenantes. Selon les pilotes, l'architecte, Herman Tilke, s'est montré plus inspiré qu'en Chine ou à Bahreïn, deux autres pistes tracées de sa main.Seul ombre au tableau : le public n'a pas été au rendez-vous. Le prix des places n'est certainement pas étranger au fait que 90 000 personnes se soient déplacées au lieu des 130 000 annoncées par les organisateurs.
