Annonce Kerry sur la défensive à cause d'un clip Le spot l'accuse d'avoir enjolivé ses faits d'armes au Vietnam. les sondeurs le savent bien : les spots qui cognent bas sont ceux qui s'impriment le mieux dans les esprits. John Kerry est en train de l'apprendre à ses dépens. Le candidat démocrate vient de porter plainte, mais bien trop tard, contre une campagne de publicité qui l'accuse d'avoir inventé les actes d'héroïsme qu'il a accomplis pendant la guerre du Vietnam. Signée par un groupe se faisant appeler Swift Boat Veterans for Truth («les Anciens Patrouilleurs pour la vérité»), le spot présente les témoignages à charge de plusieurs de ses anciens compagnons d'armes : «John Kerry a menti pour obtenir sa "Bronze Star". Je le sais : j'étais là», dit l'un. Le spot a été condamné par de nombreux anciens combattants ou politiciens. George Bush, tout en prenant ses distances avec les auteurs, a refusé de les appeler à retirer leur spot des écrans. Les démocrates l'accusent de tirer les ficelles. Deux des financiers de Swift Boat Veterans for Truth sont des hommes d'affaires texans proche de la famille Bush. L'un d'entre eux, Bob Perry, est le principal bailleur de fonds des républicains du Texas et ami de longue date du stratège de Bush, Karl Rove... La presse, depuis une dizaine de jours, s'emploie à démontrer la mauvaise foi de cette campagne. Dans une interview donnée il y a un an, l'un des accusateurs vantait ainsi le courage de Kerry... Mais peu importe les démentis : la campagne est envahie par le débat sur le passé de Kerry et ce dernier se retrouve sur la défensive. Dénonçant les liens entre le groupe de vétérans et le Parti républicain, il a décidé vendredi de porter plainte devant la Commission fédérale des élections, pour violation des règles sur le financement de la campagne. Samedi soir, il a accusé les républicains de vouloir le salir «personnellement» pour tenter de casser sa progression. Son ami, l'influent sénateur John McCain, un républicain qui milite pour Bush, fait également pression sur le président. Mais Bush, qui se considère lui aussi comme une victime de spots juridiquement contestables, ne bouge pas. Son porte-parole, Scott McClellan, accuse Kerry de «perdre son sang-froid». Le temps passe et, selon un sondage CBS, le taux de soutien dont bénéficie Kerry parmi les vétérans américains ­ un groupe électoral puissant ­ s'effondre.