Mort de Karel Appel

Mort Karel Appel - peintre néerlandais - mort à Zurich-85 ans Né en Amsterdam en 1921, Karel Appel reçoit ses premières leçons de peinture d'un de ses oncles en 1936. De 1940 à 1943, il est élève à l'Académie des beaux-arts d'Amsterdam, où il se lie d'amitié avec un autre élève d'un an plus jeune que lui, Corneille van Beverloo, qu'on appelle déjà Corneille. En 1946, les deux amis se retrouvent à Liège, ville natale de Corneille. Puis ils exposent ensemble à Amsterdam en 1948. C'est alors qu'ils font la connaissance d'un autre amsteldamois né en 1920, Constant Nieuwenhuys, surnommé Constant. Ensemble, le 16 juillet 1948, ils fondent le Groupe expérimental hollandais. Ils ont en commun leur jeunesse, leur refus de tout académisme et leur goût pour Matisse, Picasso ou Miro. Quelques semaines plus tard, ils sont à Paris, en compagnie du poète belge Christian Dotremont et du peintre danois Asger Jorn. Le 8 novembre, dans un café près de Notre-Dame, ils rédigent un manifeste de rupture, La cause était entendue. Quelques jours encore et Dotremont trouve le nom du groupe qui vient de se constituer : CO pour Copenhague, BR pour Bruxelles, A pour Amsterdam. Ce qui donne Cobra. Appel est ainsi l'un des fondateurs de ce mouvement essentiel de l'après-guerre. Et, plus qu'aucun autre, il lui est demeuré sa vie durant fidèle en peinture : des formes figuratives simplifiées jusqu'à l'archaïsme et l'allusion tracées par un dessin schématique et puissant, des couleurs d'une intensité paroxystique, des compositions éparpillées et dynamiques, l'horreur du "bien peint", le plaisir de l'expérimentation. Les premières toiles emblématiques de Cobra, en 1949, portent sa signature ou celle de Constant. Cette année-là, Appel a deux motifs principaux : les animaux et les enfants. Les premiers sont extravagants, disproportionnés, comiques : chèvres à cous de girafes, chiens-cochons, hiboux-pingouins. Les pelages et les plumages sont jaune vif, pourpre, vert gazon. Les enfants ont des têtes en forme de trapèzes découpés dans des planches. Les titres précisent : Enfants qui demandent. Ils ont été inspirés à l'artiste par la misère et les ruines de l'après-guerre. Pour le restaurant de l'Hôtel de ville d'Amsterdam, qui lui en a passé commande, Appel réalise une version murale et monumentale de son sujet. Elle provoque un tel scandale que le conseil municipal ordonne qu'elle soit recouverte. L'exposition organisée au Stedelijk Museum en novembre 1949, qui s'ouvre sur sa grande toile Hommes et animaux, suscite le même genre de réaction hostile. L'année suivante, alors que le groupe Cobra perd déjà de son unité et de son ardeur collective, Appel s'établit à Paris, où il a exposé l'année précédente à la galerie Colette Allendy et où il noue des liens avec le critique Michel Tapié. Grâce à ce dernier, il expose dans les années suivantes à Paris et à New York. En 1954, il reçoit un prix à la Biennale de Venise et, la même année, est invité par Jorn aux Rencontres internationalles de céramique d'Albisola. C'est dire que sa reconnaissance internationale est en cours. Elle ne change rien à ses sujets, ni à son style. Oiseaux, animaux réels et imaginaires s'y ébattent parmi des nuées colorées, parfois rejoints par des figures féminines. Le dessin demeure simple, jeté en noir sur la toile et souvent submergé par l'afflux des couleurs, tantôt d'une souplesse mouvante, tantôt d'une matière plus épaisse qui conserve en relief la trace des gestes du peintre. Des toiles exécutées de la sorte, on a dit parfois qu'elles relevaient de l'expressionnisme. Mais celui-ci serait seulement stylistique car Appel, à la différence de Constant et de Jorn, se tient à distance des sujets politiques et historiques. Alors que ses deux anciens amis se rapprochent de Debord au point de fonder avec lui l'Internationale situationniste, Appel n'en est pas : il travaille à des vitraux sur le thème de la Genèse pour l'église de Zaandam, aux Pays-Bas. A partir de 1961, alors qu'expositions et commandes se multiplient, il expérimente d'autres supports que la toile : des troncs d'olivier, puis de grands reliefs de bois ou de polyester à partir de 1964-1965. En 1971, aux Etats-Unis, il crée ses premières sculptures monumentales en aluminium. Pour autant, il continue à développer son oeuvre de peintre, pratique l'eau-forte mais peut aussi, comme en 1976 dans un bidonville de Lima, travailler sur les murs avec l'aide des habitants du quartier. En 1985, dans ses Propos en liberté, il affirme ce désir de renouvellement constant : "Je reste disponible pour enregistrer la métamorphose perpétuelle du monde - déclare-t-il. L'oeil doit rester à l'écoute, comme un radar. La rue, c'est mon atelier, ma vie ; la ville, ma batterie d'énergie." Jusqu'à ces dernières années, malgré des difficultés cardiaques qui l'empêchaient de travailler autrement qu'assis, il est demeuré fidèle à cette profession de foi et a continué à peindre dans l'esprit qui était le sien depuis 1948.