Exposition Jules Verne, un pied dans le réel, l'autre dans l'imaginaire Au Musée de la marine, un parcours sur les pas de l'écrivain, entre science et fiction."Tout ce qu'un homme est capable d'imaginer, un autre est capable de le réaliser", aurait dit un jour Jules Verne. Si cette sentence ne s'est (heureusement ?) pas toujours vérifiée, il est certain qu'elle s'applique à l'écrivain, décédé il y a tout juste cent ans. Car Jules Verne, fasciné par l'univers de la mer, s'est certes beaucoup inspiré des exploits techniques de son temps, le XIXe siècle, mais il a aussi, par ses romans pleins d'imagination et de poésie, suscité des vocations et alimenté ainsi les expériences de générations de savants.C'est de ce constat qu'est née la grande exposition qui lui est consacrée au Musée de la marine à Paris, intitulée "Jules Verne, le roman de la mer". Elle donne le coup d'envoi d'une trentaine de manifestations prévues en l'honneur de l'écrivain en 2005, à Paris et dans les villes qu'il a marquées de son empreinte, comme Nantes, où il est né, et Amiens, où il passa la fin de sa vie.INTUITIONS SAISISSANTESHabilement mise en scène par Massenet et Dumas Primbault, l'exposition du Musée de la marine reflète bien l'univers de Verne : pédagogique, ludique et documenté. Vingt mille lieues sous les mers, l'une de ses œuvres les plus connues, dont de nombreux extraits sont reproduits, sert de fil conducteur au parcours, qui repose sur un aller-retour permanent entre la fiction et la réalité.Afin d'alimenter le voyage, Didier Frémaud, l'un des commissaires, a conçu un audioguide original : il est écrit à la première personne à partir de la biographie, de la correspondance et d'extraits de romans de l'auteur : "C'est étonnant d'entendre Jules Verne commenter lui-même les expériences scientifiques qu'il a inspirées", souligne-t-il.Au détour des allées, le visiteur peut pointer les intuitions saisissantes de l'écrivain qui ont trouvé un prolongement dans la réalité : des maquettes de bathyscaphes d'Auguste et de Jacques Piccard, les maisons et laboratoires sous-marins imaginés par l'"architecte de la mer" Jean Rougerie, fils spirituel du capitaine Nemo.Sur un large écran, on projette des extraits d'un étonnant film de Stuart Patin - premier long métrage tourné en partie sous la mer -, directement inspiré des explorations des héros de Jules Verne. Plus loin sont rassemblées des images à collectionner, éditions pirates et autres jeux à l'effigie des personnages, témoins de la fascination qu'ils ont exercée auprès du public.Jules Verne, qui s'enorgueillissait de passer plus de temps à regarder des machines qu'à admirer des tableaux au Louvre, a aussi été très influencé par l'Exposition universelle de 1867. Il y a puisé nombre de détails de Vingt mille lieues sous les mers. Sont ainsi présentés la maquette du Plongeur, premier sous-marin motorisé, la fée électricité, cette nouvelle énergie pleine d'avenir, le scaphandre autonome Rouquayrol-Denayrouze, sans oublier les baies et plafonds vitrés de l'aquarium d'eau de mer présenté au Champ-de-Mars. Des objets rares et insolites, qui rappellent étrangement les descriptions du Nautilus.Par sa variété et sa richesse, "Le roman de la mer", permet une plongée dans l'imaginaire de Jules Verne. Un imaginaire né sur le port de Nantes, puis alimenté par de nombreux voyages et lectures, et qui a fait de lui un auteur complexe, à la fois visionnaire et profondément ancré dans son temps.Florence Morice"Jules Verne, le roman de la mer". Musée national de la marine, palais de Chaillot, 17, place du Trocadéro, Paris-16e. Tél. : 01-53-65-69-53. Du mercredi au lundi, de 10 heures à 18 heures. De 5 € à 9 €. Jusqu'au 31 août.
