Annonce Journée mondiale contre le tabac, qui pourrait tuer dix millions de personnes par an en 2020 L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé, mardi 31 mai, depuis Londres la Journée mondiale sans tabac. "Le tabac reste l'une des principales causes de mortalité dans le monde", a rappelé le Dr Lee Jong-wook, directeur général de l'OMS, à l'occasion de cette journée mondiale, qui de Madrid à Varsovie a été marquée par des réunions de sensibilisation, certaines encadrées par des médecins. "Il y a des améliorations dans certains pays riches", a déclaré le Dr Vera Luiza Da Costa E. Silva, directrice de l'initiative sans tabac de l'OMS. "Mais globalement, la consommation de tabac a augmenté et la mortalité également, particulièrement dans les pays en voie de développement." "Pour le moment, nous avons cinq millions de décès par an liés au tabac, et cela sera dix millions chaque année d'ici à 2020 si rien n'est fait", a-t-elle prédit. LA VEUVE D'UN FUMEUR QUI RÉCLAMAIT 727 600 EUROS À UN FABRICANT A ÉTÉ DÉBOUTÉE Pour endiguer le phénomène, l'OMS a choisi d'insister sur "le rôle important des professionnels de la santé dans la lutte anti-tabac", thème retenu pour cette journée. La secrétaire d'Etat à la santé publique britannique, Caroline Flint, a annoncé que la lutte contre le tabagisme serait une priorité de son pays lorsqu'il prendra la présidence de l'Union européenne le 1er juillet. Cette journée mondiale lancée de Londres a coïncidé avec le verdict du premier procès intenté au Royaume-Uni par un ancien fumeur. Sa veuve, Margaret McTear, qui réclamait 500 000 livres (727 600 euros) au fabricant de cigarettes britannique Imperial Tobacco, a été déboutée par un tribunal d'Edimbourg. Son époux, Alfred McTear, décédé en 1993 à 48 ans, avait fumé 60 cigarettes par jour au plus fort de sa tabagie, avant de déposer plainte. DIVERSES MESURES ET INITIATIVES EN EUROPE En Autriche, où 2,3 millions de fumeurs sont recensés (29 % de la population), cette journée mondiale a vu des professionnels de la santé réclamer au gouvernement de ratifier "le plus rapidement possible" la convention-cadre pour la lutte anti-tabac de l'OMS. Ce document, le premier traité international destiné à réduire la consommation de tabac, est entré en vigueur le 27 février. Il a été ratifié à ce jour par soixante-six pays, selon l'OMS. La Suède, qui cherche à terme à réduire le nombre de fumeurs, a décidé d'interdire de fumer dans les bars, restaurants et boîtes de nuit à partir de mardi minuit. Dans les métros de Madrid et de Barcelone, on proposait aux fumeurs d'échanger leurs cigarettes contre des bonbons. L'Espagne, qui avait "une des législations les plus permissives de l'Union européenne", de l'aveu du gouvernement, a adopté le 22 avril un plan draconien qui interdit la vente de tabac aux moins de 18 ans. A Varsovie, un défilé anti-tabac devait réunir des jeunes, suivi d'un festin avec examens médicaux gratuits pour fumeurs. Depuis quinze ans, une action sous le mot d'ordre "Arrête de fumer avec nous""a permis à quelque 3 millions de Polonais de se débarrasser du tabagisme", selon ses organisateurs. En Grèce, où l'on compte les plus gros fumeurs d'Europe (48 % des hommes fument dix-huit cigarettes par jour, et 38 % des femmes en fument quinze), le ministère de la santé a lancé une campagne télévisée de dissuasion qui met les grands noms du sport à contribution. En Algérie enfin, la presse a appelé les autorités à appliquer la loi interdisant de fumer dans les lieux publics, alors que la radio a indiqué que 80 % des cancéreux en Algérie étaient des fumeurs, en augmentation constante, notamment en milieu scolaire. DES PROGRÈS À FAIRE POUR PROTÉGER LES NON-FUMEURS De son côté, le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy, a déclaré mardi qu'il "reste beaucoup de progrès à réaliser" pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif, tout en soulignant les résultats de la lutte engagée depuis deux ans par le gouvernement contre le tabac. Marquée en particulier par une forte hausse du prix des cigarettes (+ 40 % entre janvier 2003 et janvier 2004), cette offensive a permis de réduire de 1,8 million le nombre de fumeurs en 2003, a-t-il rappelé devant la presse, relevant que ce changement de comportement s'est "confirmé" en 2004. Parmi les 12-75 ans, 33 % des femmes et 27 % des femmes fument encore, a-t-il précisé, en soulignant que la "courbe de consommation du tabac chez les femmes a enfin amorcé sa baisse" et que le tabagisme "a chuté" chez les 15-19 ans et chez les 12-14 ans. Mais "il reste beaucoup de progrès à réaliser pour offrir aux Français une protection satisfaisante face à la fumée du tabac dans les lieux collectifs, en particulier dans les lieux de travail", a-t-il ajouté.