Mort de José-André Lacour

Mort José-André Lacour, écrivain L'écrivain José-André Lacour est mort d'un arrêt cardiaque, dimanche 13 novembre, à Paris. Il était âgé de 86 ans. D'origine belge — il est né en 1919 à Gilly, faubourg de Charleroi —, José-André Lacour a mené toute sa carrière littéraire en France. Il y est surtout connu comme dramaturge : certaines de ses pièces ont remporté un grand succès, notamment Notre peau, avec Daniel Gélin, dans une mise en scène de Michel Vitold, et L'Année du bac, avec René Lefèvre, Sami Frey et Jacques Perrin, dans une mise en scène d'Yves Robert, ainsi que des adaptations théâtrales comme Ouragan sur le "Caine", d'après Herman Wouk. José-André Lacour est aussi un romancier brillant, à la plume acérée. A peine sorti de l'université de Bruxelles, il signe au seuil de la seconde guerre mondiale un premier livre publié en Belgique. Intitulé Panique en Occident (réédité récemment chez Labor), l'écrivain y livre jusqu'à la nausée sa perception des temps troublés de l'exode et de l'Occupation — thème sulfureux repris en 1949 dans un roman édité cette fois à Paris chez Julliard : Châtiment des victimes. En 1954, Luis Bunuel porte à l'écran un autre roman, celui-là presque guévariste avant la lettre, paru également chez Julliard, La Mort en ce jardin, où José-André Lacour relate l'odyssée sans issue, mais rédemptrice, de quelques fuyards traqués par des forces de répression, dans un centre minier d'Amazonie. ETONNANTE JEUNESSE D'ESPRIT Le critique Pierre de Boisdeffre (Une histoire vivante de la littérature d'aujourd'hui, 1939-1959, Le Livre contemporain, 1959) salue alors, chez ce romancier encore jeune, "le réalisme cru de Céline, l'âpreté didactique de Sartre, le sens cosmique de Dos Passos". Dans d'autres romans, tels que Notre ami Dimitri (1950), La Malsamine (1951), Confession interdite (1955), Venise en octobre (1959) — tous parus chez Julliard —, Le Zoiseau ivre (Laffont, 1977), ou encore Opéra conjugal (1978) et Le Rire de Caïn (1980) — parus à La Table ronde —, José-André Lacour raconte des histoires de notre époque, qui reflètent une certaine angoisse. Même Le Rire de Caïn, qui fourmille pourtant de références aux années insouciantes du jazz-band et du lambeth walk — roman adapté pour la télévision —, renvoie à une réflexion sur la fragilité des hommes, dont la destinée est toujours "avilie par le temps, ce joueur avide", et sur la salutaire rébellion face aux faux-semblants, à l'injustice, aux discriminations. Ce dernier thème, illustrant les premières révoltes de la jeunesse d'après-guerre, avait fait le succès, précisément, de L'Année du bac, une pièce mythique sur le conflit des générations. Créée à Paris en 1958, L'Année du bac a été jouée plus de mille deux cents fois dans le monde , et traduite en une douzaine de langues. Bien qu'affaibli par l'âge et la maladie, son auteur se déplaçait souvent à l'étranger, récemment encore, pour veiller personnellement aux jeux de scène des comédiens, qu'il électrisait par son humour et son étonnante jeunesse d'esprit.