Fin Joschka Fischer, enfant chéri de la politique allemande, tire sa révérenceFigure emblématique des Verts, ministre des affaires étrangères et vice-chancelier pendant les huit ans de la coalition dirigée par le social-démocrate Gerhard Schröder, Joschka Fischer devait annoncer, mardi 27 juin, l'abandon de son mandat de député et prendre ainsi définitivement congé de la vie politique.Deux jours après les élections d'octobre, gagnées par l'actuelle chancelière chrétienne-démocrate, Angela Merkel, l'enfant chéri de la politique allemande, qui a, des années durant, caracolé en tête des sondages de popularité, avait déjà dit qu'il ne souhaitait pas conserver de responsabilités de premier plan dans son parti. Il en avait quitté le conseil national, en janvier, et s'était opposé à sa décision de soutenir la création d'une commission parlementaire sur le rôle des services secrets allemands pendant la guerre en Irak.SYMBOLES DES SOIXANTE-HUITARDSA 58 ans, M. Fischer quitte la vie publique pour aller enseigner à Princeton aux Etats-Unis. Avant lui, M. Schröder avait, déjà, renoncé à tout mandat au Bundestag et au sein du Parti social-démocrate, pour prendre la présidence du consortium germano-russe dirigé par le groupe Gazprom. Le groupe depresse suisse Ringier et d'autres institutions financières en ont également fait leur conseiller. Avec leur départ, ce sont les symboles de la génération des soixante-huitards qui disparaissent de la scène politique, après avoir joué un rôle essentiel dans la transition entre la génération de la guerre et celle de leurs enfants, qui réclamaient des comptes avant d'achever la normalisation de l'Allemagne.M. Fischer a fait son apprentissage politique dans les années 1960 à Francfort. Fils de réfugiés allemands d'Europe centrale, chauffeur de taxi puis étudiant, il croise le chemin des terroristes de la "bande à Baader" avant de se convaincre que l'action politique passe par la démocratie. Il participe à la fondation des Verts, avec notamment Otto Schily, l'un des avocats des terroristes, devenu ministre de l'intérieur du gouvernement Schröder. Les deux hommes entrent au Bundestag en 1983. M. Fischer y fait sensation en arrivant en baskets et se rend célèbre par un discours sur la responsabilité allemande face à Auschwitz. En 1986, il est le premier Vert à entrer dans un gouvernement régional - en Hesse - comme ministre de l'environnement.MM. Fischer et Schily ont une influence décisive, au début de la coalition rouge-verte, dans la formulation des lois supprimant le droit du sang dans l'attribution de la nationalité allemande et dans la décision d'engager l'Allemagne aux côtés des Etats-Unis et des Européens dans les opérations internationales de maintien de la paix. En 2000, à l'université Humboldt de Berlin, M. Fischer appelle à la relance de l'Union européenne et à l'adoption d'une Constitution.
