Procès Johnny Hallyday affronte Universal au tribunal PARIS - Johnny Hallyday a affronté au conseil des prud'hommes de Paris son ancienne maison de disques Universal, qu'il accuse de l'avoir spolié et à qui il réclame 50 millions d'euros. L'arrivée du chanteur le plus populaire du pays, lunettes noires et fine moustache, protégé par un garde du corps, a provoqué une mini-émeute, une foule de "groupies" et de photographes se pressant autour de lui. "Johnny" a déclaré aux journalistes qu'il avait été "escroqué" et "volé" par Universal, son employeur entre août 1961 et février 2003. "C'est mon oeuvre, c'est ma vie, ma vie privée, c'est 43 ans ans de carrière", a-t-il dit. Selon Jean-Philippe Smet - le vrai nom du chanteur - Universal l'a maintenu pendant toutes ces années dans un système de dépendance fondé sur d'importants prêts personnels. La maison de disques, affirme-t-il, l'a ainsi spolié petit à petit des revenus de son travail. La société Universal, quant à elle, se déclare "meurtrie" et dénonce le "procès de l'ingratitude". Elle estime que Johnny lui doit en grande partie la poursuite de sa carrière malgré ses errements dans la gestion de ses biens. Le conseil des prud'hommes rendra son jugement le 2 août. Selon les deux parties, Universal a accordé au chanteur neuf prêts entre 1978 et 1997, pour un total de 107 millions de francs. Dans le même temps, Johnny a abandonné à Universal deux maisons à Paris, tous les droits dérivés sur son nom et son image. Il a également signé, affirme-t-il, plusieurs contrats successifs réduisant ses rémunérations. "Johnny était totalement dépendant vis-à-vis de cette société, il a été entraîné dans une spirale infernale. Il était comme un ivrogne ou un héroïnomane à qui on acceptait de donner un verre ou sa dose pour en faire un esclave", a déclaré dans sa plaidoirie son avocat, Me Jacques Verrechia. UNIVERSAL "MEURTRIE ET AMERE" Dans cette situation, il lui était impossible de devenir son propre producteur et c'est pour cette raison qu'il réclame aujourd'hui 50 millions d'euros, a souligné l'avocat. Me Verrechia a aussi demandé l'annulation du dernier contrat signé en décembre 2002, au terme duquel Johnny devrait encore enregistrer un album en 2005, ainsi que la rétrocession des droits d'exploitation de toutes ses anciennes chansons. "Universal est particulièrement meurtrie et amère du procès qui lui est fait. Tout repose sur le postulat que Johnny aurait été transformé en victime et en esclave, or la réalité est exactement à l'opposé", a répliqué Me Nicolas Boespflug, avocat d'Universal. Il a souligné que c'est Johnny lui-même qui avait sollicité "avec insistance" l'aide de la société, alors qu'il refusait de payer ses impôts et se trouvait dans une situation financière critique. En 1978, Universal avait consenti un premier prêt pour mettre un terme à une saisie du fisc sur les revenus du chanteur. Des menaces de poursuites pénales et une dette totale de 86 millions de francs avaient justifié un autre prêt en 1996. Quant au dernier prêt de 35 millions de francs consenti en 1997, il s'agissait de permettre à l'artiste de s'acheter le yacht de ses rêves, malgré ses démêlés avec le fisc. L'avocat d'Universal a demandé aux prud'hommes de rejeter toutes les demandes du chanteur, soulignant que l'affaire était exemplaire puisqu'elle opposait "le premier artiste français à la première maison de disques française". "Si vous faites droit à ses prétentions, c'est toute la filière qui sera en danger", a lancé l'avocat. Il a souligné que malgré les virulentes déclarations du chanteur, ce dernier n'a pas exclu dans une récente interview de signer un nouveau contrat avec Universal, ce qui prouve aux yeux de l'avocat que la procédure n'est qu'une "manoeuvre".   ©