Élection Joerg Haider élu à la tête d'un nouveau parti d'extrême-droite Joerg Haider, chef historique de l'extrême droite autrichienne, élu dimanche 17 avril président de son nouveau parti, l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZOe), est un populiste à la recherche d'un second souffle politique. Dirigeant ambitieux et impitoyable, M. Haider, 55 ans, avait annoncé le 4 avril qu'il faisait scission de son ancienne formation, le FPOe, minée par cinq années d'échecs électoraux, pour créer le BZOe, un parti à la tendance plus "modérée" qui a tenu son congrès fondateur dimanche à Salzbourg (centre). USÉ PAR CINQ ANNÉES DE COALITION M. Haider, un brillant orateur à l'allure dynamique, cherche à relancer une extrême droite qu'il avait fait voler de victoire en victoire après sa prise en mains du FPOe en 1986 et à qui il avait permis d'entrer au gouvernement en 2000 après avoir réalisé un score historique de 27% aux législatives. Mais le FPOe, usé par cinq années de coalition avec les conservateurs du chancelier Wolfgang Schuessel, a accumulé les défaites électorales. Il est retombé à moins de 8% des intentions de vote dans les sondages, alimentant une fronde au sein de l'aile la plus à droite du parti. En mars, M. Haider avait tenté de rétablir son leadership et de redorer l'image du FPOe en écartant les "ultras", à savoir les pangermanistes xénophobes et nationalistes qui l'avaient porté au pouvoir en 1986. La carrière de M. Haider est pourtant loin d'avoir été exempte de dérapages pro-nazis ou antisémites. En 1991, il avait dû renoncer à son poste de gouverneur de Carinthie (sud de l'Autriche) pour avoir fait l'éloge de la politique de l'emploi du IIIe Reich. Il s'est fait réélire gouverneur en 1999 et a de nouveau été réélu en mars 2004. En 1995, il avait qualifié la Waffen-SS de "partie de l'armée allemande à laquelle il faut rendre honneur". Au Parlement de Vienne, il avait déclaré que les camps de concentration nazis n'étaient que des "camps disciplinaires". "PENCHANT POUR LA PÉRIODE NAZIE" Jusqu'à l'entrée du FPOe au gouvernement, M. Haider avait accumulé un capital de sympathie des nostalgiques du nazisme et de couches populaires appréciant ses diatribes démagogiques contre les privilèges, la gabegie et le "copinage" des partis au pouvoir. Il s'était rallié aussi les opposants à l'élargissement de l'Europe à l'Est. Plus mesuré dans ses propos ces dernières années, M. Haider n'a "pas abandonné son penchant pour la période nazie" mais pense que pour renouer avec le succès l'extrême droite doit s'appuyer sur un programme modernisé mettant en avant la lutte contre la mondialisation et le chômage, souligne le politologue Anton Pelinka. En décidant de prendre à nouveau, dimanche, la présidence d'un parti, M. Haider joue son va-tout politique mais il serait "très improbable" que sa formation dépasse la barre des 10%, selon M. Pelinka. Avec AFP