Mort de Joë Nordmann
Mort Joë Nordmann, ex-avocat du PCFEx-avocat du Parti communiste français, souvent présenté comme le "défenseur des grandes causes communistes", Me Joë Nordmann est mort, dimanche 13 novembre. Il était âgé de 95 ans.Né en 1910, à Mulhouse, d'un père avocat, Joë Nordmann avait adhéré au PCF en 1933. Radié du barreau de Paris pendant la seconde guerre mondiale parce que juif, il avait fondé une organisation de résistance chez les juristes.Invité en 1945 à la table de l'accusation au procès de Nuremberg face à Goering, Me Nordmann avait été conseil de la partie civile au procès de Klaus Barbie en 1987, puis à ceux de Paul Touvier en 1994 et de Maurice Papon en 1998, où il avait plaidé pour la dernière fois. Marqué par son engagement et par son attachement à l'orthodoxie communiste, l'avocat du PCF s'était illustré par son intransigeance de fer en participant notamment, après-guerre, aux accusations contre l'écrivain dissident Victor Kravchenko, condamné par le stalinisme.On l'avait retrouvé par ailleurs tout aussi bien aux côtés des républicains espagnols que des patriotes vietnamiens et algériens. Il avait plaidé en Grèce contre les colonels, au Paraguay contre le dictateur Stroessner, au Chili contre Augusto Pinochet.Auteur d'un livre souvenir — Aux vents de l'histoire (Actes Sud, 1996) — écrit avec la journaliste Anne Brunel, Joë Nordmann avait tenté d'ajuster sur le tard son regard sur ses convictions passées.Ainsi écrivait-il en 2003 à Anne Brunel : "Mes réflexions relatives à mon inscription au Parti communiste se poursuivent et évoluent. J'avais ajouté à notre livre un chapitre final apologétique. Je le renie aujourd'hui et souhaite qu'il échappe à nos lecteurs. Sur l'URSS, je suis normalement revenu à l'opinion générale. J'avais été sceptique sur les procès que je savais truqués. Je critique la rigidité de mon adhésion aux mots d'ordre du parti. Voilà où j'en suis au moment de toucher à la mort."