Mort de Joachim Fest
Mort Joachim Fest, historien et journaliste allemandL'historien et journaliste allemand Joachim Fest, auteur d'un ouvrage de référence sur Adolf Hitler et d'autres livres plus critiqués sur le IIIe Reich, est mort lundi 11 septembre près de Francfort, à une dizaine de jours de la publication de son autobiographie, dans laquelle il revient sur sa vie d'intellectuel conservateur, issu d'une famille ayant refusé toute compromission avec le régime nazi. Il était âgé de 79 ans.Né le 8 décembre 1926 à Berlin, Joachim Fest a grandi, avec ses quatre frères et soeurs, dans un milieu bourgeois fortement marqué par le catholicisme. Dans l'Allemagne conquise par Adolf Hitler, les Fest refusent de rejoindre le courant majoritaire. Dès 1933, année de la prise de pouvoir du Führer, le père, Johannes Fest, est révoqué de son poste d'inspecteur de l'enseignement parce qu'il ne joue pas le jeu, et le restera jusqu'à la fin de la guerre. Il fait partie de cette petite minorité d'Allemands qui résisteront de manière passive au nazisme, sans rien entreprendre pour le renverser.Son fils, Joachim, doit quitter l'école pour avoir dessiné une caricature d'Hitler. Avec ses frères, il est envoyé dans un internat catholique à Freiburg, dans l'ouest du pays. Contre l'avis de son père, qui réprouvera toujours cette décision, il s'engage dans l'armée à la fin du conflit pour, dira-t-il, échapper à l'enrôlement dans les Waffen SS.L'aveu récent par l'écrivain Günter Grass, d'un an son cadet, de son bref passage dans cette unité suscitera d'ailleurs les critiques acérées de Fest. Dans ses Mémoires, baptisés Ich nicht ("Pas moi"), qui sortiront le 22 septembre aux éditions Rowohlt - dirigées par un de ses deux fils, Alexander -, l'historien revient sur cette époque qui l'a marqué pour toujours.Après des études de droit, d'histoire et de sociologie et une brève carrière politique locale au sein de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Joachim Fest publie Hitler (1973), une biographie qui installe sa réputation en Allemagne et à l'étranger. Trois décennies plus tard, il évoque Les Derniers Jours d'Hitler, dont l'adaptation filmée, réalisée par Oliver Hirschbiege et interprétée par Bruno Ganz, suscite une polémique sur la façon, jugée trop humaine par certains, de représenter le dictateur dans son bunker berlinois. Son livre sur Albert Speer (1999), l'architecte du Führer, est considéré comme complaisant par certains confrères.Directeur des pages culturelles du quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung entre 1973 et 1993, Joachim Fest ne cache pas son peu d'admiration pour les oeuvres de Fassbinder et les thèses de la gauche de l'époque. Cela ne l'empêche pas de nouer un étrange dialogue avec Ulrike Meinhof avant que celle-ci ne rejoigne la Fraction armée rouge (RAF).En 1986, Fest est impliqué dans la "querelle des historiens allemands", en accueillant dans ses colonnes des écrits d'Ernst Nolte, selon lesquels les camps de concentration nazis avaient été conçus comme une "réponse" au goulag stalinien. Plus tard, Joachim Fest prendra ses distances vis-à-vis de Nolte, tout en défendant son droit à la parole.