Mort de Jean Rambaud
Mort Jean Rambaud, ancien journaliste au "Monde" et écrivainAncien journaliste au Monde et écrivain, Jean Rambaud est mort vendredi 29 juillet. Il était âgé de 82 ans.Une bonne humeur que rien n'altérait, un sourire juvénile jusqu'au bout et deux yeux bleus pétillant de malice mais toujours empreints d'humanité : finalement, Jean Rambaud ressemblait à ses oeuvres, singulier mélange de fraîcheur, d'élégance, de causticité tenue en laisse, de poésie et de prose franche.Ce Varois, blanchi sous le harnois parisien, savait évoquer sa Provence natale en fuyant les poncifs pagnolesques ou le lyrisme mistralien et son style oscillait parfois entre Stendhal et Giono.Mais il savait aussi jouer du riche registre picaresque, notamment pour peindre le Toulon révolu de son enfance, en particulier dans un livre très attachant, Adieu la Raille (Laffont, 1964), dont une adaptation télévisée réussie en 1967 assura le légitime succès. Chez Jean Rambaud, l'écrivain le disputait souvent au journaliste, féconde dualité qui devait assurer à ses récits, à ses vers (Chansons pas chères), à ses romans et à ses fresques historiques, une fluidité étonnante.Sa pudeur vigilante lui a permis d'éviter les écueils qu'aurait pu dresser sur sa route littéraire une extrême sensibilité souvent cachée sous des métaphores désinvoltes ou une ironie pro domo, comme s'il déléguait en fait à ses lecteurs la responsabilité exclusive de s'émouvoir.Né le 15 juillet 1923 à Rives (Isère), Jean Rambaud entre dans la presse au lendemain de la Libération, d'abord au Petit Varois, quotidien toulonnais issu de la Résistance. C'est en 1961 qu'il est engagé au Monde : d'abord secrétaire de rédaction, jusqu'en 1971, puis rédacteur au service Régions et reporter, il quittera le journal de la rue des Italiens en 1983 pour prendre sa retraite.Frédéric Arnaud, publié chez Stock et couronné par le prix Emile-Zola en 1974 , ce républicain convaincu n'a pas cessé de porter un regard social sur le monde contemporain.Ses chroniques, réunies en recueil sous le titre En Provence avec "Le Monde" (Edisud, vol. 1, 1981 ; vol. 2, 1984), l'attestent. Le journalisme, en le dévorant trop tôt, l'a sans doute empêché d'occuper, en littérature, toute la place à laquelle son talent le promettait. Jean Rambaud n'en laisse pas moins de très beaux livres, dont plusieurs ont fait l'objet de nombreuses rééditions.