Mort de Jean Pépin
Mort Jean Pépin, historien des relations entre philosophes grecs et christianismeLe philosophe et historien Jean Pépin a mis fin à ses jours, samedi 10 septembre, à son domicile parisien, à la suite d'un épisode dépressif.Né en 1924, directeur de recherches au CNRS, Jean Pépin avait effectué presque toute sa carrière au sein de cet organisme, où il avait fondé en 1969 et dirigé vingt ans durant une importante unité de recherche intitulée Histoire des doctrines de l'Antiquité et du haut Moyen Age.Auteur d'une douzaine d'ouvrages et d'une centaine d'articles savants, Jean Pépin a éclairé, avec une précision et une rigueur exemplaires, l'histoire intellectuelle des liens entre la pensée chrétienne et l'héritage philosophique des Grecs.Ses travaux sur l'allégorie (notamment Mythe et Allégorie, 1958, 1976, et La Tradition de l'allégorie de Philon à Dante, 1987), ses Etudes sur les lectures philosophiques de saint Augustin (1976) ou ses Idées grecques sur l'homme et sur Dieu (1971) ont permis de découvrir à quel point "sans les anciens Grecs, le christianisme ne serait pas ce qu'il est".Cette formule, qu'il avait donné pour titre à l'une de ses conférences, peut à elle seule résumer l'essentiel de son travail. Ce qui intéressait, en effet, Jean Pépin était de comprendre l'importance de cette dette culturelle souvent masquée. Il s'est donc attaché à saisir les cadres théoriques que les Pères de l'Eglise avaient empruntés à l'héritage philosophique de l'hellénisme et à trouver comment ils les avaient transformés dans le contexte de la foi chrétienne pour lui servir de "passeport", selon une de ses comparaisons.A force de minutie dans l'analyse, Jean Pépin parvenait à "arracher des confidences", souvent neuves, aux textes les plus connus, grâce à une méthode qui pourrait évoquer celle des archéologues.On ne saurait toutefois réduire l'action de chercheur à ses seuls travaux personnels, malgré leur ampleur et leur importance. Cet homme très actif, attentif et généreux, fut aussi un remarquable organisateur et animateur de la recherche, et l'âme de multiples entreprises collectives, qu'il s'agisse de chantiers de recherche sur le néoplatonisme ou de la collection "Histoire des doctrines de l'Antiquité classique", qu'il dirigeait à la Librairie philosophique J. Vrin.Son exigence était constamment accompagnée d'une grande ouverture d'esprit et d'un sens aigu des responsabilités, qui ont marqué de leur influence une part importante de la recherche française dans le domaine des études antiques.