Mort de Jean MillierL'ingénieur
Mort Jean MillierL'ingénieur général des Ponts et chaussées Jean Millier est mort à Nice, mardi 10 octobre. Né le 28 juin 1917 à Paris, il était âgé de 89 ans.Peu d'hommes ont aussi fortement marqué les territoires où ils ont exercé leurs fonctions successives.Affecté en Côte d'Ivoire en 1946, il se fait remarquer par les études et les travaux de percement de la lagune qui ont permis le développement du port d'Abidjan ; il devient rapidement directeur des travaux publics de Côte d'Ivoire et quand, en 1957, le pays accède à l'indépendance, le président Houphouët-Boigny le nomme ministre des travaux publics. Il le restera quatre ans, jusqu'à son retour en France, en 1961, après avoir notamment fait élaborer un remarquable plan d'urbanisme pour Abidjan.C'est à l'aménagement de la région parisienne qu'il se consacre alors pendant huit ans, au côté de Paul Delouvrier, délégué général au district.Il est difficile d'imaginer conjonction plus efficacement agissante : aux vues anticipatrices de celui-ci, à sa connaissance consommée des rouages du pouvoir et de l'administration, Jean Millier, chargé des plans et programmes puis comme directeur régional de l'équipement, apporte son expérience irremplaçable d'un urbanisme en action, sa capacité à concevoir des solutions nouvelles aux problèmes d'aménagement urbain et à la réalisation des grandes infrastructures de transport qui caractérisent aujourd'hui l'Ile-de-France. Grâce à son autorité naturelle, il réussit à susciter un vaste élan créateur dans tous les domaines de l'urbanisme et de l'architecture.Président-directeur général de l'établissement public de la défense, de 1969 à 1977, il est le maître d'oeuvre de l'essor de ce nouveau quartier d'affaires de l'Ouest parisien.Il est ensuite appelé à exercer de nombreuses présidences, celle du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (1977-1980), mais aussi l'Union des sociétés d'autoroutes à péage (1982-1992), la mission interministérielle des constructions publiques (1982- 1988), l'association Architecture et construction (1972-1986), Mécénart (1982- 1991), et bien d'autres, insufflant partout son énergie et son indomptable rigueur.Se souvenant de sa collaboration avec le premier préfet de la région parisienne, son dernier acte public fut la création de l'Institut Paul-Delouvrier pour perpétuer la mémoire de ses méthodes de renouvellement de l'action publique.