Mort de Jean-Jacques Servan-Schreiber

Mort Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur de "L'Express", est mort Le patron de presse et homme politique Jean-Jacques Servan-Schreiber est mort, mardi 7 novembre, à l'hôpital de Fécamp (Seine-Maritime), où il avait été admis ce week-end pour une bronchite. Il était âgé de 82 ans. Celui qui voulait tout changer : tel est le titre d'une biographie de ce touche-à-tout dont les amis saluaient l'inventivité et l'énergie, et dont les adversaires relevaient la versatilité. Cet entrepreneur-né était l'héritier d'une famille influente, petit-fils d'un secrétaire du chancelier allemand Bismarck, fils du directeur des Echos. A 29 ans seulement, il fonde en 1953 L'Express, premier "newsmagazine" français et grande affaire de sa vie. Il dirige ce journal innovant, laboratoire de ses idées, jusqu'en 1969 avant de devenir président (1970-1971) puis PDG du Groupe Express (1974-1977). Ancien des Forces françaises libres, il est aussi un militant de la décolonisation. Sous sa houlette et celle de Françoise Giroud, avec qui il aura un temps des liens passionnés, l'hebdomadaire réunira les plus grandes plumes, de François Mauriac à Raymond Aron. C'est de ce creuset que sont issus de grands noms du journalisme : Claude Imbert, Michèle Cotta, Catherine Nay... Partisan de Pierre Mendès-France, Jean-Jacques Servan-Schreiber fut mobilisé en 1957 en Algérie – il l'a raconté dans un livre-témoignage, Lieutenant en Algérie – et avait d'emblée engagé son journal dans la lutte pour la décolonisation. "TURLUPIN" En 1967, "JJSS", comme l'appelle la presse, publie Le Défi américain, où il analyse les risques d'un retard face au formidable développement technologique des Etats-Unis. Traduit en une quinzaine de langues, l'ouvrage sera un best-seller inattendu et durable. Il sera suivi du Défi mondial, qui évoquait notamment le décollage du Japon. Suivra une carrière politique en zigzag : député de Nancy, président de la région Lorraine, ministre de quelques jours sous Valéry Giscard d'Estaing, qu'il avait connu durant ses études à Polytechnique. A peine élu à Nancy en 1970, après une campagne électorale à l'américaine qui bouscule les habitudes françaises, il part, intrépide, défier Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux, où il est sévèrement battu. Aux yeux de ses adversaires, gaullistes notamment, Jean-Jacques Servan-Schreiber est un "turlupin", selon le mot de Jacques Chirac. Pour ses admirateurs, ce passionné d'Amérique et de nouvelles techniques est un incomparable surdoué. Jusqu'en 1995, il enseigne d'ailleurs à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh (Pennsylvanie). Atteint à la fin de sa vie d'une dégénérescence cérébrale qui affectait sa mémoire, mais demeuré conscient et passionné jusqu'au bout par l'actualité selon sa famille qui refusait de parler d'Alzheimer, "JJSS" n'apparaissait plus guère en public.