Mort de Jean Breton
Mort Jean Breton, poèteJean Breton, poète, est mort à Paris, samedi 16 septembre, des suites d'une longue maladie. Il était âgé de 76 ans.Né à Avignon le 21 août 1930, Jean Breton fut le fondateur et l'animateur de deux revues qui ont joué un certain rôle dans la poésie des années 1950 et 1960 : Hommes sans épaules d'abord, en 1953, puis Poésie 1, en 1969. En 1979, il publie, aux éditions du Cherche Midi, une anthologie d'une autre revue, Fontaine, dirigée par Max-Pol Fouchet, et qui avait eu un grand rayonnement durant la guerre. C'est dans un livre manifeste, écrit en 1964 avec Serge Brindeau, Poésie pour vivre (éd. La Table ronde), que Jean Breton exprime le mieux son idée de la poésie. Le sous-titre de ce texte est en lui-même un programme : "Manifeste de l'homme ordinaire".Selon Breton et Brindeau, c'est à partir du XIXe siècle que la poésie s'est fourvoyée, et que l'on a assigné au poète une position de mage, de prophète, ou de sorcier d'une civilisation factice. Vigny, Baudelaire et Mallarmé, Paul Valéry également, sont ainsi désignés, avec quelque naïveté, comme coupables d'avoir créé autour d'eux une sorte de vide aristocratique. Contre cette tendance, qui se prolonge jusqu'aux épigones et aux tenants tardifs du surréalisme, Jean Breton oppose une poésie qui prône la solidarité humaine, le quotidien, "dans sa grisaille, mais aussi dans ses espoirs honteux, ses délivrances sans tapage, ses bonheurs inattendus", comme l'analysait Alain Bosquet (Le Monde du 13 février 1976).Prix Apollinaire, Jean Breton a publié de nombreux recueils. Ses poèmes furent rassemblés en deux volumes au Cherche Midi en 1985 : Chair et soleil, suivi de L'Eté des corps. Plus récemment, il a publié Vacarme au secret et autres poèmes (Le Milieu du jour, 1996), Nus jusqu'au coeur (La Bartavelle, 1999) et Robe-Cobra (Librairie-Galerie Racine, 2004).