Visite Japon : la visite de Jacques Chirac renforce la coopération franco-japonaise Le président français, Jacques Chirac, a quitté, lundi 28 mars, Tokyo à l'issue d'une visite officielle de trois jours au Japon au cours de laquelle il a proposé une alliance, en particulier technologique, aux dirigeants et industriels nippons. L'avion présidentiel a quitté l'aéroport de Tokyo-Narita à 22 h 27 (15 h 27 à Paris), a précisé une source aéroportuaire. M. Chirac, accompagné de son épouse Bernadette, est attendu, mardi 29 mars, à Paris. Il a achevé son séjour au Japon avec un court volet privé de quelques heures après avoir rencontré la communauté française. Cette visite, la première depuis cinq ans dans un pays qu'il affectionne, n'a apparemment pas permis au président français de débloquer les deux sujets de contentieux entre Paris et Tokyo : la livraison d'armes européennes à la Chine et le site du futur réacteur nucléaire expérimental ITER. En revanche, les deux pays ont adopté une déclaration "pour un partenariat franco-japonais" qui affirme leur volonté de coopération sur les grands dossiers internationaux. PARTENARIATS DANS LE DOMAINE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Industriels français et japonais ont évoqué, lundi 28 mars, des partenariats concrets dans le domaine du développement durable, rappelant les convergences entre les deux pays dans ce domaine et s'affirmant optimistes sur l'avenir de leur coopération, au cours du forum organisé lundi à Tokyo. "Je crois que, dans le domaine de l'énergie et de l'environnement, nous avons tous les atouts en faveur d'un partenariat", a déclaré le PDG du groupe pétrolier français Total, Thierry Desmarest, soulignant que les deux pays avaient été motivés dans leurs démarches par leur pauvreté en ressources énergétiques. Peu avant, le président Jacques Chirac avait ouvert cette discussion entre industriels des deux pays en plaidant en faveur d'"une alliance franco-japonaise pour le développement durable". "Je propose l'alliance de nos deux pays pour relever les défis du développement durable. Une alliance politique, mais aussi une alliance scientifique et industrielle", avait lancé M. Chirac devant un parterre de patrons français et japonais. M. Desmarest a exposé un projet concret mené par Total et neuf sociétés japonaises pour mettre au point un nouveau procédé de fabrication d'un hydrocarbure liquide qui ressemble au butane ou au propane à partir de gaz ou de la biomasse. Déjà fabriqué depuis un an dans une usine pilote du nord du Japon, "il constitue une ressource alternative propre pour répondre aux besoins du transport" et pourrait aussi faire tourner des centrales électriques modernes dans des zones isolées, a expliqué le PDG de Total. Total a ensuite "l'intention de passer à une réalisation industrielle, dans un pays où il y a du gaz, probablement au Moyen-Orient", a-t-il déclaré. "Les orientations retenues par la France et le Japon en matière de politique énergétique sont très proches", a insisté M. Desmarest. LE SECTEUR NUCLÉAIRE AU SERVICE DU MONDE ENTIER Rappelant que peu de nouvelles centrales nucléaires nouvelles avaient été construites aux Etats-Unis, le président du groupe diversifié Toshiba, Taizo Nishimuro, a pour sa part estimé que la France et le Japon avaient dans le secteur nucléaire, qui n'émet pas de gaz à effet de serre, "un niveau qui pouvait servir au monde entier". "Le Japon possède dans certains domaines de la protection de l'environnement et des énergies renouvelables une avance qui incite les autres pays à prendre exemple sur lui", a rappelé M. Desmarest. L'Archipel assure par exemple la moitié de la production mondiale de cellules photovoltaïques, mesurée en termes de puissance de sortie, a-t-il souligné. Quant aux énergies non renouvelables, "parmi les pays industrialisés, le Japon est le champion à la fois de l'économie d'énergie et de l'efficacité énergétique", a-t-il jugé. Toshiba coopère avec la société française Schneider Electric dans le matériel de distribution d'électricité et également avec le groupe Electricité de France (EDF) dans des projets en Egypte et au Vietnam. "Les Français ont un niveau technique élevé, une qualité d'ingénieurs élevée", a déclaré M. Nishimuro. Le groupe français de services Veolia Environnement emploie 600 personnes au Japon. "Nous bénéficions au Japon de personnels d'une très grande qualité technique, et les sociétés japonaises donnent un accès à des technologies très sophistiquées. Très souvent, nos usines à travers le monde utilisent des procédés japonais", a déclaré son patron, Henri Proglio. Pour lui, Japonais et Français peuvent aussi coopérer en Chine, pays qui, "quand on considère les préoccupations environnementales, a un impact gigantesque". Le Plan décennal chinois prévoit au minimum une croissance des villes chaque année correspondant à 1 % de la population du pays, ce qui, de façon imagée, reviendrait à la création d'une nouvelle ville de 15 millions d'habitants par an, a indiqué M. Proglio. D'où des besoins considérables en ressources en eau, en systèmes de traitement des eaux usées, en énergie, a-t-il souligné.