Mort de Janine Chasseguet-Smirgel
Mort Janine Chasseguet-Smirgel, psychanalysteLa psychanalyste Janine Chasseguet-Smirgel, membre de la Société psychanalytique de Paris, est morte d'une leucémie, dimanche 5 mars, à Paris. Elle était âgée de 77 ans.Née en 1928 à Paris de parents originaires d'Europe centrale, Janine Chasseguet-Smirgel laisse une oeuvre qui a été diffusée hors de France, surtout aux Etats-Unis et en Amérique latine, mais aussi en Italie, en Autriche et en Allemagne, où elle se rendait fréquemment avec son mari, Béla Grunberger, pour y donner des conférences et des supervisions cliniques.Après l'obtention d'un diplôme à Sciences-Po, Janine Chasseguet-Smirgel devient rapidement psychanalyste, puis membre formateur de sa société. Elle occupera aussi d'importantes responsabilités institutionnelles, tant à la Société psychanalytique de Paris (SPP) - dont elle fut la présidente de 1975 à 1977 - qu'à l'Association psychanalytique internationale, où elle fut élue vice-présidente de 1983 à 1989.C'est au cours de cette période qu'elle organise le congrès de l'Association internationale à Hambourg, où sa complicité avec le bourgmestre von Dohnanyi, fils d'un résistant à Hitler exécuté par les nazis, consacre le retour du mouvement analytique en Allemagne. Issue d'une famille juive décimée, Janine Chasseguet-Smirgel inaugure des échanges où se confrontent, sur le plan clinique, des cures d'enfants de victimes et d'enfants de bourreaux.La portée de son oeuvre est étendue. Après une recherche sur la sexualité féminine, où elle conteste la théorie freudienne de l'envie du pénis et de la castration féminine, elle s'engage dans l'étude du processus créateur et de ses liens avec la perversion. Cette réflexion aboutit aussi à une remise en question de l'Idéal du moi.Avec Béla Grunberger - mort en février 2005 -, Janine Chasseguet-Smirgel publie en 1969, sous le pseudonyme d'André Stéphane, L'Univers contestationnaire. Etude psychanalytique (Payot, 1969, réédité sous leurs vrais noms par Inpress en 2004). Cet ouvrage, qui analysait de façon critique les sources du mouvement "gauchiste", donna lieu à un très vif débat, voire à une crise, tant au sein de la SPP que dans la presse.PULSIONS DESTRUCTRICESPendant les trente années suivantes, et encore dans son dernier livre de 2003, Le Corps comme miroir du monde (coll. "Fil rouge", PUF), Janine Chasseguet-Smirgel s'attache à comprendre le destin des pulsions destructrices dans les perversions comme dans les moments créateurs chez des auteurs comme Sade, Mishima, Pasolini. Soulignons aussi que sa passion pour l'enseignement la conduisit à devenir, en 1992, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie à l'université de Lille.Avec Janine Chasseguet-Smirgel disparaît un grand nom de la psychanalyse française.