Mort de James Tenney

Mort James Tenney, compositeur américain Le compositeur américain James Tenney est mort jeudi 24 août, des suites d'un cancer. Il était âgé de 72 ans. Peu connu et rarement joué en Europe (mais bien représenté au disque grâce au label helvétique Hat Hut Records), ce musicien très influent aux Etats-Unis et au Canada a été un pionnier dans de nombreux domaines, à commencer par celui de l'informatique musicale. James Tenney est né le 10 août 1934 à Silver City, une bourgade du Nouveau-Mexique surtout connue pour avoir vu grandir Billy the Kid. Formé dans l'Arizona et au Colorado aux fondements de la pratique musicale (piano et composition), il ne se rebelle pas immédiatement contre les lois classiques mais fréquente au Bennington College, en 1958, et à l'Université d'Illinois, en 1961, des compositeurs indépendants tels que Carl Ruggles, un proche de Varèse, et Lejaren Hiller, auteur de la première pièce réalisée sur ordinateur. Intéressé par la production électronique des sons, James Tenney rejoint au début des années 1960 l'équipe du mathématicien Max Matthews aux Bell Telephone Laboratories et participe à l'élaboration de logiciels pour la composition et la génération du son. Mais ce créateur féru de musique vivante s'engage également comme interprète, notamment pour diriger, de 1963 à 1970, le Tone Roads Chamber Ensemble, une formation instrumentale new-yorkaise dont il est l'un des fondateurs. Théoricien particulièrement concerné par la perception de l'acte musical, James Tenney vante les mérites de la phénoménologie, "dont l'idée de base consiste à produire un effort soutenu pour voir les choses telles qu'elles sont" et affirme que "les meilleurs scientifiques et les meilleurs artistes sont précisément des phénoménologistes". Son approche humble mais méthodique de la vie interne des sons l'incite à préconiser une reconsidération de l'harmonie. Il s'en fait l'écho dans de nombreux articles et livres et devient un pédagogue influent, d'abord aux Etats-Unis (Polytechnic Institute of Brooklyn, Université de Californie à Santa Cruz), puis au Canada (York University de Toronto), où il est nommé professeur émérite en 1994. DANS LA LIGNÉE DE JOHN CAGE Un de ses étudiants d'alors, Eric de Visscher, qui a été directeur artistique de l'Ircam à Paris à la fin des années 1990 et qui est aujourd'hui responsable des activités culturelles de la Cité de la musique, à Paris, confirme que "Tenney a passé les vingt dernières années de sa vie à élaborer une nouvelle théorie de l'harmonie, un concept oublié selon lui depuis le "Traité" d'Arnold Schoenberg, en se situant sous un angle non prescriptif mais descriptif, c'est-à-dire conditionné par des données de perception du son." Pour Eric de Visscher, James Tenney est l'exemple type du compositeur expérimental américain dans la lignée des Charles Ives, Henry Cowell et John Cage. On rapporte d'ailleurs que ce dernier a donné le nom de James Tenney en réponse à un journaliste lui ayant demandé, en 1989, de citer un maître avec lequel il aimerait étudier s'il faisait partie des jeunes compositeurs de l'époque.