Mort de Jacques Lerouge

Mort Jacques Lerouge, militant associatif Militant associatif infatigable qui s'est consacré à la réinsertion des anciens prisonniers, Jacques Lerouge a été tué de plusieurs coups de couteau, jeudi 16 février, à Charmes (Vosges), par un homme qui travaillait sur un chantier dont il avait la charge. Né à Saint-Malo le 7 juillet 1943, Jacques Lerouge fut condamné à mort en 1971 après un meurtre commis lors d'un cambriolage, peine commuée en réclusion à perpétuité. Sorti de prison en 1985, en libération conditionnelle, il a travaillé comme formateur avant de consacrer sa vie aux longues peines, ces condamnés libérés après de nombreuses années d'incarcération : il a fondé en 1999 l'Association pour l'aide aux personnes en voie de réinsertion (Aperi), qui soutient en permanence une quarantaine d'ex-détenus. L'Aperi a ainsi accompagné Lucien Léger, le plus ancien détenu de France, libéré en 2005 après quarante et un ans de prison. Conventionnée avec l'administration pénitentiaire, l'association s'est développée à partir de 2001 avec Carol Saint-Guilain, sociologue, jusqu'à devenir un acteur essentiel dans l'accompagnement des anciens détenus, âgés, malades et déstructurés par l'enfermement. "Je dis souvent au procureur, quand est discutée la libération conditionnelle d'une "perpétuité" : si vous entendez donner du sens à la prison, il faut qu'il sorte. Ou alors il faut créer une maison de retraite pénitentiaire. La justice a atteint ses limites. Quand on est dans la destruction des hommes, il faut le dire", avait récemment expliqué Jacques Lerouge. Ce dernier préparait, dans la plus grande discrétion, l'ouverture d'un centre d'accueil d'une vingtaine de places, unique en France, destiné à héberger les sortants de prison "les plus cassés". Le projet a reçu le soutien du ministère de la justice. Il est sur le point d'aboutir. "Il faut absolument achever son travail. Nous ne pourrons le faire sans soutien", souligne Carol Saint-Guilain, pour qui "la mémoire de Jacques Lerouge, un homme digne et debout, doit être honorée". L'association a mis en place un site Internet (www.aperi.org). Plusieurs responsables politiques se sont engagés dans son action. L'Aperi compte, dans son conseil d'administration, les députés Jacques Floch (PS), Christine Boutin et Emile Blessig (UMP), le sénateur Jean-Jacques Hyest (UMP), et Claude Grivel, président de la communauté de communes de Moselle et Madon. Outre son activité associative, qui le conduisait à effectuer 140 000 kilomètres d'une prison à l'autre chaque année, Jacques Lerouge intervenait dans de nombreux colloques et était très sollicité pour témoigner dans les établissements scolaires. Il est l'auteur de deux romans, La Grande Traque (Le Félin, 1997) et Le Condamné à mort (La Seine, 1997). Au nom de son association, il a aussi écrit un petit ouvrage très pédagogique sur le monde carcéral, La Prison (Le Cavalier Bleu, 2001).