Annonce Jacques Chirac se rend en Martinique pour l'hommage national aux victimes de l'accident de la West Caribbean Quelques heures à Paris, après quinze jours de vacances à Brégançon (Var), puis direction Fort-de-France : Jacques Chirac devait s'envoler, mardi 23 août dans la soirée, pour la Martinique, afin d'assister, mercredi 24 août, à l'hommage national rendu aux victimes de la catastrophe aérienne de la West Caribbean Airways. Au pied de l'avion, à l'aube, l'attendra Alfred Marie-Jeanne. Ce sera " la première fois" , comme l'a souligné lui-même le président indépendantiste du conseil régional, marquant ainsi l'apaisement après les tensions survenues entre l'Etat et certains des élus de l'île, dont M. Marie-Jeanne, qui avait opposé " le deuil national martiniquais" à l'hommage national de la France (Le Monde du 20 août). Le président de la République restera six ou sept heures sur place, pour montrer qu'il est " aux côtés des Martiniquais ", selon un proche, mais sans prononcer de véritable discours, afin de ne pas avoir l'air de courir après le drame. Le chef de l'Etat dira quelques mots à son arrivée pour expliquer sa présence, avant de rencontrer, pendant deux heures, les familles des disparus. Puis il se rendra au stade Dillon pour une cérémonie oecuménique, voulue " sobre et humble", " sans prise de parole de personnalités politiques", comme l'a souligné Serge Letchimy, le maire (Parti progressiste martiniquais ) de Fort-de-France, lundi, au cours d'un point de presse. Après la cérémonie, où sont attendues près de 70 000 personnes entre 30 000 et 35 000 à l'intérieur et autant à l'extérieur, estime François Baroin, le ministre de l'outre-mer M. Chirac devrait consacrer la dernière partie de sa journée à une rencontre avec les élus. Depuis l'accident survenu le 16 août au Vénézuela, faisant 160 victimes, dont 8 membres d'équipage et 152 Martiniquais, l'Elysée a surveillé heure par heure les suites du drame. L'équipe du président a tiré les leçons de la désastreuse absence de M. Chirac, pendant l'été 2003, lorsque des milliers de personnes âgées étaient mortes de la canicule. La gestion de cette crise exceptionnelle s'est principalement réglée entre quatre hommes, le président lui-même, son protégé, le ministre de l'outre-mer François Baroin, le premier ministre Dominique de Villepin et le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux. Prévenu immédiatement par M. Baroin, M. Chirac lui a demandé de partir à Fort-de-France, mais dans l'avion qui l'emmenait vers la Martinique, il a été décidé que le ministre de l'outre-mer devrait se rendre sur les lieux de l'accident, au Venezuela. Le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui avait publiquement proposé de se rendre aussi sur place, a été prié de n'en rien faire. "Il y avait déjà Baroin, ce n'était pas la peine qu'il y ait deux ministres et ce drame relevait de son ministère", explique-t-on à l'Elysée, même s'il n'y a "aucun problème avec Philippe". Parti en hâte, pour deux ou trois jours, M. Baroin est resté en Martinique à la demande du président pour organiser avec le préfet et les élus, la cérémonie de mercredi, en liaison constante avec l'Elysée ou M. Chirac lui-même. C'est au cours d'un petit-déjeuner, lundi matin, entre le ministre de l'outre-mer et le président indépendantiste de la région, que les choses se sont arrangées : entre hommes de bonne volonté pourrait-on dire, tandis que l'on soulignait, à l'Elysée, que les relations avec M. Marie-Jeanne, avaient toujours été "très bonnes". M. Baroin avait également pris soin de consulter tout un chacun sur la date et sur le déroulement de la cérémonie, s'attirant ce commentaire flatteur du premier vice-président de la région, Daniel Marie-Sainte : "D'ordinaire nous ne faisons pas de courbette au pied de l'échelle -de l'avion présidentiel-. Nous sommes très chatouilleux sur le respect. Mais puisqu'on nous respecte en fin et que l'Etat français organise les choses avec nous, nous respectons."