Mort de Jacqueline Beytout

Mort Jacqueline Beytout, ancienne propriétaire et PDG des "Echos" Jacqueline Beytout, ancienne propriétaire et PDG du quotidien économique Les Echos, est morte à Paris, samedi 19 août, à l'âge de 88 ans. Née le 20 février 1918 à Marseille, Jacqueline Beytout avait été PDG et directrice de la publication du quotidien Les Echos de 1966 à 1989. Avec son troisième mari, Pierre Beytout - mort en 1976 -, elle avait racheté le titre en 1963 à la famille Servan-Schreiber. Elle devient directrice de la rédaction en 1966. C'est la guerre des clans dans la famille Servan-Schreiber qui avait conduit à la vente du journal, fondé en 1908 par les frères Robert et Emile Servan-Schreiber. En 1963, l'objectif de Jacqueline Beytout est clair : transformer Les Echos en véritable quotidien économique avec une ouverture sur l'international. Les Echos, alors très franco-français, compte environ 45 000 abonnés. Jacqueline Beytout mise sur le développement en créant des lettres spécialisées et en lançant le mensuel Enjeux-Les Echos. Elle crée également un département de presse médicale. Elle qui aimait être considérée comme "un homme de presse" lance aussi Favilla, l'éditorial maison, qui défend le libéralisme. Sous sa direction, Les Echos passe d'un chiffre d'affaires de 11 millions de francs en 1962 à près de 600 millions à l'orée des années 1990. Le journal devient le quotidien de référence de l'économie, porté par le poids de plus en plus important de celle-ci dans l'univers politique et généraliste. En 1986, Jacqueline Beytout nomme son petit-fils par alliance, Nicolas Beytout, rédacteur en chef. Il dirigera la rédaction des Echos jusqu'en septembre 2004, date à laquelle il quitte les Echos pour aller diriger la rédaction du Figaro. En 1988, Jacqueline Beytout décide de vendre son groupe au britannique Pearson (propriétaire du Financial Times), décision qui relève à ses yeux du bon sens. Elle l'a prise pour "préserver le groupe", confiait-elle alors dans nos colonnes en précisant : "S'il m'arrivait quelque chose, mes héritiers paieraient 57 % de droits de succession". Mais le gouvernement français n'apprécie guère la vente du quotidien à un groupe étranger. Edouard Balladur, alors ministre de l'économie, s'oppose à la vente du titre à Pearson, estimant, début 1988, dans un communiqué, que "le caractère communautaire du groupe Pearson n'est pas durablement établi aujourd'hui". MÉCÉNAT ET ACTION HUMANITAIRE Au terme d'une épreuve de force, la vente de 67 % du groupe Les Echos, pour 880 millions de francs, est finalement conclue. Le groupe Pearson acquiert les 33 % restants en 1989. En désaccord avec le nouvel actionnaire, Jacqueline Beytout quittera ses fonctions un an plus tard. Après son départ des Echos, Jacqueline Beytout se consacre à l'édition, en fondant Tsuru Editions, mais aussi, avec une fondation, à la lutte contre le sida et à l'aide aux enfants des rues dans les pays pauvres. Elle était vice-présidente de l'organisation panafricaine de lutte contre le sida. Elle oeuvrait aussi pour le Festival de musique d'Aix-en-Provence ou le reboisement du parc du château de Versailles après la tempête de 1999. Elle était grand officier de la Légion d'honneur et grand-croix de l'ordre national du Mérite. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, lui a rendu hommage dimanche en saluant "une immense personnalité qui laisse une empreinte très forte dans la presse française". Dans son édition du lundi 21 août, le quotidien Les Echos publie un portrait de Jacqueline Beytout titré "Une femme d'influence".