Annonce ITALIE Le chef du gouvernement légèrement blessé derrière l'oreille Silvio Berlusconi agressé en pleine rue Roberto Dal Bosco a le sang chaud. De voir celui qu'il «hait le plus au monde» se promener tranquillement en pleine rue lui a fait perdre la tête. Aussi s'est-il précipité sur Silvio Berlusconi et, armé du seul instrument à portée de main, le trépied de son appareil photographique, lui en a-t-il asséné un coup violent à la tête. L'instant d'après, il était ceinturé par les gardes du corps et conduit en prison par la police antiterroriste. L'agression s'est déroulée vendredi vers 18 heures en plein coeur de Rome, au milieu des étalages de Noël déployés place Navona. Le président du Conseil faisait quelques pas à pied avant de regagner son domicile. Une habitude prise de longue date et à laquelle il n'a jamais renoncé. Il s'était arrêté devant une crèche, au milieu d'un groupe de touristes, son téléphone portable à la main. Selon un vendeur ambulant témoin de la scène, l'agresseur est arrivé par-derrière en criant «Président, président». Avant même que les agents de sécurité aient pu réagir, Berlusconi a été frappé derrière l'oreille droite. Aussitôt raccompagné à sa résidence personnelle, il a été soigné par son médecin. Un sparadrap sur le cou atteste de la contusion. Le soir même, il partait pour la Sardaigne, où il a passé le réveillon dans sa villa de la Costa Smeralda. On s'attendait à ce que son agresseur, un maçon lombard de 28 ans sympathisant des Démocrates de gauche (DS, ex-PCI), venu passer les fêtes de fin d'année dans la capitale en compagnie de six amis, soit longuement incarcéré. Dix-neuf heures seulement après sa bravade, il quittait déjà la prison Regina Coeli. Maria Callari, le juge chargé de l'interroger, l'a seulement inculpé de «lésions aggravées». Elle n'a pas retenu l'accusation plus sérieuse de «violence à un homme politique», passible de sept ans de prison. Une mansuétude qui ne manque pas de déconcerter : «Cette impunité ne fera qu'encourager d'autres à commettre le même geste», déplorait-on dans l'entourage du Cavaliere. A peine sorti de prison, Roberto Del Bosco, sur le conseil de son avocat, a reconnu avoir commis une «bêtise» : «Je ne pouvais un instant m'imaginer de le voir là, si près de moi, en chair et en os, tout sourire. Mon premier instinct a été de lui mettre la main sur le crâne. Comme on fait à Pampelune avec les taureaux. Par jeu. Puis je ne sais pas ce qui m'a pris. J'avais le trépied en main. Je m'en suis servi.» Tous les leaders de la gauche ont condamné l'agression. Mais sur des registres différents. Romano Prodi, le réformateur modéré Francesco Rutelli et le communiste Fausto Bertinotti l'ont dénoncée avec vigueur. D'autres en revanche la jugent simplement «contre-productive». Pour Silvio Berlusconi, cette agression est le «fruit d'une campagne constante de haine entretenue contre (lui)» par ses adversaires politiques. Le chef du gouvernement se déclare convaincu de «ne pas la mériter».
