Annonce Israël annonce de nouvelles constructions en Cisjordanie Quarante-huit heures après avoir achevé l'évacuation des colons de Gaza, Israël a annoncé, jeudi 25 août, la construction d'un poste de police sur une portion de terrain qui relie Jérusalem et Maale Adumim, sa plus grande colonie de Cisjordanie. Les autorités israéliennes ont justifié la construction de ce poste, qui devrait être autorisée dans les prochains jours et débuter dans les deux mois, par des raisons de sécurité et ont assuré qu'elle ne remettait pas en cause le gel des logements envisagés, auxquels les Etats-Unis sont hostiles. "Nous ne construisons pas des logements d'habitation. Bien que le premier ministre ait fait savoir qu'il aimerait que cela se fasse, ce n'est pas le cas. Je pense que l'on appréciera", a dit le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mark Regev, dont l'ambassade des Etats-Unis a refusé de commenter les propos. Ce poste de police est en fait la première étape du plan que l'Etat hébreu compte mettre en œuvre pour relier Jérusalem à Maale Adoumim, avec pour objectif de créer un fait accompli pour empêcher à terme les Palestiniens de prendre le contrôle du secteur dans le cadre de leur futur Etat. Ce plan prévoit la construction de 3 500 logements dans le secteur. La décision doit être prise par le Conseil de planification de l'administration civile, l'organisme de l'armée qui s'occupe des affaires civiles en Cisjordanie, a précisé son porte-parole, le lieutenant Adam Avidan. "Je pense que chacun comprend que Maale Adumim fera partie d'Israël dans le cadre du statut final", a aussi estimé Mark Regev en évoquant cette implantation, qui compte 30 000 âmes et sera bientôt englobée par le "mur" de sécurité en cours de construction. "UNE INITIATIVE PLUTÔT CYNIQUE" Il y a une semaine, les autorités israéliennes ont exproprié les propriétaires palestiniens de quatre terrains situés entre Jérusalem et Maaled Adumim pour pouvoir bâtir cette portion de mur, qui privera les Palestiniens de Cisjordanie de l'accès à Jérusalem-Est. Selon un chiffre donné par l'agence AP, la barrière de sécurité place de facto 8 % du territoire cisjordanien du côté israélien. "C'est une initiative plutôt cynique. Au moment même où Israël s'efforce de récolter les petits bénéfices de son désengagement de Gaza, il met en œuvre sa vraie stratégie à Jérusalem-Est", a estimé Michael Tarazi, conseiller juridique de l'Autorité palestinienne pour les affaires concernant Jérusalem, ville qu'Israël revendique dans sa totalité comme sa capitale. Le premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï, a pour sa part qualifié ce plan de "très dangereux". Toujours en Cisjordanie, des centaines de membres des forces de sécurité palestiniennes ont été dépêchés jeudi dans le nord de ce territoire en vue de leur déploiement autour des colonies de Homesh, Sanour, Ganim et Kadim évacuées ces derniers jours, a déclaré Diab al-Ali, un haut responsable sécuritaire à Jénine. Par ailleurs, une roquette de type Qassam est tombée jeudi sur la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, sans faire de victime, selon une source policière. JAVIER SOLANA ATTENDU Mercredi soir, déjà, des inquiétudes avaient surgi sur une reprise des violences après le meurtre de cinq activistes palestiniens et celui d'un juif religieux britannique poignardé dans la Vieille Ville de Jérusalem. Ces deux événements ont porté atteinte à l'accalmie qui a prévalu pendant la mise en œuvre du plan de retrait israélien. Dans le camp de réfugiés de Tulkarem (nord de la Cisjordanie), l'armée israélienne a tué cinq activistes palestiniens, dont un cadre du groupe radical Djihad islamique, "lors d'une tentative d'arrestation", a indiqué à la radio militaire le colonel Roni Numa, responsable de l'opération. Ce militaire affirme qu'il ne s'agissait pas d'une "opération de liquidation ciblée". "Les soldats ont ouvert le feu après que ces terroristes eurent tiré dans leur direction", a-t-il dit, en indiquant que les "membres de cette cellule terroriste préparaient des attentats-suicides". Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a condamné "fermement ce crime" dans un communiqué. De son côté, la branche armée du Djihad islamique, les Brigades Al-Qods, a menacé, dans un communiqué publié à Gaza, d'une "riposte rapide et importante" à l'intérieur d'Israël. Ce regain de violence s'est également traduit par la mort d'un jeune juif religieux de nationalité britannique, Shmuel Matt, 21 ans, poignardé mercredi soir dans la Vieille Ville de Jérusalem. Réagissant à ces violences, Paris a fait part de son "inquiétude" et Washington a appelé au calme, pressant Israël et les Palestiniens à saisir "l'opportunité historique" du retrait de Gaza pour promouvoir la paix dans la région. Enfin, le Haut Représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne, Javier Solana, est attendu ce week-end en Israël et dans les territoires palestiniens.
