Annonce Irlande du nord Le révérend presbytérien Ian Paisley, dirigeant du DUP, exige des preuves du désarmement de l'IRA Les unionistes irlandais refusent la relance du processus de paix C'est «non». Ian Paisley n'est pas disposé, pour l'instant, à agréer le plan de relance du processus de paix en Irlande du Nord mis au point par les gouvernements britannique et irlandais. Le révérend presbytérien, chef du Parti démocratique unioniste (DUP), premier parti de la province incontournable, donc, pour garantir le bon fonctionnement des institutions, exige des preuves concrètes du désarmement de l'Armée républicaine irlandaise (IRA). Or, «l'IRA s'obstine dans la duplicité», déplorait-il, hier, à l'issue d'un entretien avec le général canadien John de Chastelain, responsable de la Commission Internationale chargée de vérifier le bon déroulement du désarmement. «Elle veut conserver ses armes tout en exploitant la démocratie.» L'IRA, dit-il, obéit toujours au même principe du fusil, d'une main, et du bulletin de vote, de l'autre. Inacceptable, pour lui et le DUP. Pourtant, les «provos» clandestins avaient accepté, comme il le souhaite, qu'un photographe – outre les personnalités de la Commission – mitraille, en présence de deux observateurs religieux, un catholique et un protestant, les opérations de destruction de l'armement de l'IRA. Le plan de relance publié hier à Belfast par Tony Blair et son homologue irlandais, Bertie Ahern, en fait foi. Au dernier moment, pourtant, les combattants de l'ombre se sont ravisés. Le principe même de photographies témoignant du démantèlement de leurs moyens militaires n'est plus d'actualité. Trop «humiliant», disent-ils. Comme la preuve d'une «reddition» aux unionistes qui l'exigent, au nom de «la transparence» des opérations de désarmement. Une «arme» politique, aussi, fournie au DUP, à quelques mois des élections législatives et locales, de nature à renforcer son poids en Irlande du Nord. Ian Paisley, lui, n'en démord pas. Sans un catalogue exhaustif de clichés prouvant que les républicains ont bien renoncé à la lutte armée, la rhétorique de l'IRA ne lui dit rien qui vaille. L'Irlande du Nord est une terre de ressentiments où nul ne peut prétendre être sans reproche. Dans ce pays qu'opposent les mêmes vérités chrétiennes prêchées par d'inflexibles ennemis, attitudes et symboles tiennent une place primordiale. Dans les années 90, le gouvernement de John Major avait consenti à dialoguer avec les représentants du Sinn Féin, la branche politique du mouvement républicain, à condition qu'ils se soumettent à «une période de décontamination» de plusieurs mois. Aujourd'hui, outre des clichés irréfutables, Ian Paisley et ses partisans apprécieraient que «les provos» et les «sinn féiners» défilent, pieds nus, «avec le sac et la cendre» en signe de repentir «pour des décennies de terreur». Après quoi, il serait prêt à gouverner l'Irlande du Nord avec Gerry Adams, le président du Sinn Féin. Mais, à une encolure d'un accord de toute façon inéluctable, et des élections législatives probablement en mai 2005, il veut des garanties. Histoire de prouver à son électorat que son intransigeance garantit le maintien de l'Ulster dans le royaume contre les zélateurs de l'union républicaine irlandaise. Tony Blair et Bertie Ahern sont fort marris. Ils ont obtenu des unionistes et des nationalistes, des engagements contraignants sur le partage du pouvoir. Ils ont reçu des républicains l'assurance que le temps «des activités paramilitaires» de l'IRA était terminé. En témoigne l'engagement des catholiques de reconnaître et d'intégrer le service de police d'Irlande du Nord. «Ce que nous avons réalisé est remarquable mais incomplet», reconnaît Tony Blair. Selon le calendrier établi avec toutes les parties, en effet, l'IRA aurait dû achever la destruction de son arsenal à la fin du mois. Et, au printemps, le gouvernement de la province aurait pu être en place. Ce n'est que partie remise, insiste le premier ministre. L'échec constaté hier est «une raison supplémentaire pour redoubler d'efforts».
