Annonce Irak Médias mobilisés pour Florence et Hussein Plus de 40 directeurs de rédaction se sont réunis hier à «Libération» pour lancer un appel à la liberté de la presse et réfléchir à des actions communes. l est 12 h 45, hier, au 8e étage de Libération. Réunis dans la salle dite «du hublot», les directeurs de la rédaction de plus de 40 journaux, radios, télés et agences de presse ou d'images se mettent d'accord sur un dernier point : c'est à Serge July qu'il revient de lire publiquement l'appel qu'ils viennent de signer et qui est ouvert à la signature d'autres médias (1). Devant une forêt de micros et de caméras, le PDG de Libération prend la parole : «Nous dirigeons tous en France des rédactions d'agences, de la presse écrite (quotidiens et magazines) et de l'audiovisuel. Nous sommes solidaires de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun...» (lire le texte intégral en première page). La rencontre a valeur de symbole. Elle constitue un événement «exceptionnel dans l'histoire de la presse française», dira Hervé Chabalier, de l'agence Capa. Elle est aussi l'occasion pour Serge July de saluer la solidarité «magnifique» des confrères dans cet épisode angoissant de la vie du journal : «Vous faites beaucoup et cela nous touche.» Du sort des deux disparus, «nous ne savons rien, explique-t-il, même si nous avons la quasi-conviction qu'il s'agit d'un enlèvement crapuleux» (lire ci-dessous). Blindées. Du symbole, donc. Mais on discute aussi de questions concrètes concernant la couverture de l'élection présidentielle irakienne qui a lieu dimanche. Faut-il aller en Irak ? Certains, tels Denis Jeambar (l'Express), Alain Genestar (Paris Match) ou Franck Nouchi (le Monde), répondent positivement. D'autres, comme Jean-Claude Maurice (le Journal du Dimanche) ou Joseph Limagne (Ouest-France) jugent les risques trop importants. Autre interrogation : peut-on mutualiser les moyens de la presse française, à la manière de ce que font les médias anglo-saxons, qui se regroupent pour acheter des voitures blindées par exemple ? Sur ce point, tout le monde semble d'accord. Hervé Brusini (France 3) va étudier les moyens d'y parvenir. Mission à Bagdad. Et pourquoi pas une «initiative spectaculaire», comme le propose Bruno Frappat (la Croix) : envoyer en Irak une délégation des directeurs de rédactions ici réunis ? L'idée plaît à beaucoup. Mais est-ce souhaitable ? Faisable ? «Il ne faudrait pas qu'on se retrouve tous bloqués à Amman», en Jordanie, s'inquiète Robert Namias (TF1). Décision est prise de créer un groupe de travail chargé d'étudier la question très rapidement. Est aussi décidée la création d'une «banque d'informations», où toutes les rédactions à Bagdad se tiendront mutuellement au courant de ce qu'elles font, des endroits où elles se rendent, mais aussi des zones à éviter ou des risques particuliers. Autre sujet consensuel : la nécessité de maintenir la mobilisation des médias et de l'opinion publique. Car «les consignes de discrétion des autorités françaises, souligne Bruno Frappat, valent pour l'Etat et ses agents, pas pour nous». Parmi les prochaines initiatives organisées «pour Florence et Hussein», Serge July mentionne l'accrochage de leurs portraits, demain à 11 heures, place de la République, et une soirée de soutien, le 31 janvier, au théâtre du Rond-Point, avec le soutien de Reporters sans frontières.