Visite IRAK Après deux reports dus à des tensions Visite discrète à Paris du président irakien Le président irakien par intérim, Ghazi al-Yaouar, est arrivé hier à Paris pour une visite officielle de deux jours. Accueilli par le ministre des Sports Jean-François Lamour, il doit être reçu par le président Jacques Chirac, par le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, et par le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier. Nommé président du gouvernement intérimaire en juin dernier, Ghazi al-Yaouar avait été invité dès son entrée en fonction. Prévue une première fois en septembre, sa venue avait été annulée en raison des tensions diplomatiques entre Bagdad et Paris, provoquées par l'enlèvement de Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Elle avait été reportée une seconde fois pour des problèmes de calendrier alors que l'armée américaine menait son offensive sur Faludja. Ghazi al-Yaouar arrive à Paris peu avant la fin de son mandat qui doit s'achever au lendemain de la tenue des élections du 30 janvier. En dépit de son caractère inhabituel – c'est la première fois qu'un président irakien est officiellement reçu en France – le voyage de Ghazi al-Yaouar se déroule dans la discrétion comme en témoigne l'absence de conférence de presse. C'est que les divergences franco-irakiennes sont loin d'être réglées. Tenues à l'écart des démarches entreprises par Paris pour récupérer Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les autorités irakiennes n'avaient pas hésité à exprimer leurs frustrations. En septembre, le chef du gouvernement irakien, Iyad Allaoui, avait accusé la France de «jouer un rôle de spectateur» dans le processus de remise sur les rails du pays. Et son journal avait accusé le président français de porter une part de responsabilité dans l'enlèvement des deux journalistes. Dans l'attente de nouvelles de Florence Aubenas, le contexte est cette fois moins tendu. Paris et Bagdad ont en commun d'être préoccupés par la tenue à la date prévue et dans les meilleures conditions possibles des élections. les deux capitales estiment qu'il vaut mieux, pour tenter de sortir l'Irak de l'ornière, un mauvais scrutin que pas de scrutin du tout. Jacques Chirac devrait toutefois indiquer à son interlocuteur irakien que la France est en faveur d'un dialogue politique aussi large que possible avec toutes les communautés. En clair, la réconciliation nationale passe par une main tendue aux groupes sunnites acceptant de renoncer à la résistance armée. Il devrait également répéter l'offre française de formation de gendarmes. Évoquée depuis un an, elle est jusque-là restée sans réponse, contrairement à une proposition équivalente de l'Allemagne. Soucieux d'aider l'Irak, Paris a déjà accepté d'abandonner des créances d'un montant de quatre milliards d'euros, mais répète sans cesse qu'il n'est pas question d'envoyer des troupes. De son côté, Ghazi al-Yaouar, un sunnite issu d'une grande tribu chammar qui comprend trois millions de membres, peut voir dans cette visite une reconnaissance tardive de son action.