Crise Instauration de l'état d'urgence après des violences faisant cinq morts, dont un décapité, en Thaïlande cinq personnes ont été tuées dans le sud de la Thaïlande, dont un musulman décapité, a-t-on appris, mardi 19 juillet, de sources officielles. Depuis janvier 2004, plus de 820 personnes ont trouvé la mort dans le Sud musulman de la Thaïlande, pays à majorité bouddhiste. Sorma Jaehani, un agriculteur âgé de 50 ans, a été décapité, lundi, dans la province de Yala, a-t-on précisé de source militaire. Dix personnes ont ainsi été décapitées depuis début juin dans le Sud, mais il s'agit du premier musulman victime de ce nouveau genre d'attaques, qui vient s'ajouter aux attentats à l'explosif ou par balles commis quasi quotidiennement dans la région. LES INSTITUTIONS SCOLAIRES, CIBLES PRIVILÉGIÉES Quatre personnes ont ainsi été tuées par balles, lundi et mardi. Un directeur d'école, Dusit Loasing, 35 ans, a été abattu par deux individus, lundi, tandis qu'il se rendait à son travail dans le district de Yaring (province de Pattani), selon l'armée. Waeyousoh Palaya, 40 ans, bénévole travaillant pour les forces de sécurité, a également été tué ce même jour par balles tandis qu'il se dirigeait à moto vers un marché local. Mardi matin, un mécanicien de 57 ans, Winai Promboon, a été tué dans la province de Yala, ainsi que Bueraheng Jaeso, 50 ans, gardien d'une école, abattu dans la province de Narathiwat, selon la police. Les institutions scolaires sont l'une des cibles privilégiées des islamistes : au moins 26 professeurs ont été tués depuis l'insurrection. Dans une réaction aux dernières violences, le ministre de l'intérieur thaïlandais, Chidchai Vanasathidya, a indiqué, mardi, que ses services avaient "demandé à tous les professeurs d'informer la police" de leur itinéraire pour se rendre au travail, afin de faciliter leur protection. ÉTAT D'URGENCE Le gouvernement thaïlandais a imposé mardi l'état d'urgence dans trois provinces du Sud à majorité musulmane. Le vice-premier ministre, Wissanu Krea-ngam, a indiqué que les mesures s'appliquaient dans les provinces de Narathiwat, Pattani et Yala. La décision permet aux autorités d'utiliser les pouvoirs spéciaux – écoutes téléphoniques et arrestations sans inculpation – prévus dans le cadre d'un durcissement de la répression décrété la semaine dernière, pour combattre les violences dans la région. Après les critiques suscitées par la nouvelle politique de fermeté, le vice-ministre a précisé qu'il n'appliquerait qu'une partie des mesures prévues par le nouvel arsenal répressif, en particulier le placement en détention durant trente jours sans inculpation et les perquisitions et saisies sans mandat. Un nouveau comité a été mis en place afin de recevoir les plaintes pour mauvais traitements subis par les habitants du fait des autorités. M. Wissanu a tenté d'apaiser les craintes suscitées par la possibilité de censurer les médias, affirmant que les interdictions de publication ne concernaient que la diffusion d'images vidéo de décapitations en circulation actuellement dans le Sud.