Visite Inde: Condoleezza Rice à New Delhi pour resserrer les liens NEW DELHI (AFP) - Washington et New Delhi ont exprimé mercredi leur volonté de renforcer leur coopération, lors d'une visite de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, mais se sont aussi opposés sur un projet d'achat de gaz iranien et ont poursuivi des discussions difficiles sur la vente d'avions de chasse américains au Pakistan. Mme Rice, arrivée mardi soir à New Delhi, première étape d'une tournée dans six pays d'Asie, a également apporté son soutien au rapprochement en cours entre l'Inde et le Pakistan, où elle devait se rendre dans la soirée. La chef de la diplomatie américaine et son homologue indien, Natwar Singh, se sont félicités de l'amélioration constante des relations entre les deux pays au cours des dernières années. "C'est une relation qui est passée du stade de grand potentiel à celui de réalisation de ce potentiel", a souligné Mme Rice, en indiquant que Washington voulait intensifier ses relations avec New Delhi dans les domaines de la défense, de l'énergie et du soutien économique. Le renforcement des liens avec l'Inde constitue un des axes majeurs de la diplomatie américaine en Asie, après une longue période de relations marquées par la tiédeur. Cette bonne entente n'a pas empêché l'expression d'un désaccord sur un projet indien d'achat de gaz iranien par un gazoduc transitant par le Pakistan. "Nous avons fait part de nos inquiétudes en ce qui concerne un gazoduc avec l'Iran", a-t-elle dit. Washington a placé l'Iran sous embargo économique quasi-total et estime que tout commerce avec ce pays l'encourage à soutenir le terrorisme international ou à chercher à accéder à l'arme nucléaire. M. Singh lui a répondu que son pays "avait de bonnes relations avec l'Iran" et a souligné que ce projet était motivé par les besoins croissants en énergie de l'Inde. La question épineuse de la vente d'avions de chasse américains F-16 au Pakistan a également été une nouvelle fois au centre des discussions. Le Pakistan avait passé une commande de 40 F-16 dans les années 1990, avant que les Etats-Unis ne renoncent à honorer ce marché, notamment en raison de la poursuite du programme nucléaire militaire pakistanais. Le Pakistan, allié-clé des Etats-Unis depuis trois ans dans la lutte contre le terrorisme, exerce toujours de fortes pressions pour obtenir ces appareils, alors que l'Inde voisine et rivale y est opposée. Selon le Wall Street Journal de mardi, Washington envisagerait désormais de vendre deux douzaines de ces F-16 au Pakistan, mais pourrait aussi en livrer jusqu'à 125 à l'Inde. Mme Rice s'est bornée à déclarer "qu'il n'y avait pas encore d'accord de la sorte" ni "d'annonce" à faire sur ce dossier. M. Singh de son côté a affirmé avoir "exprimé certaines préoccupations sur des sujets relatifs à la défense" et "fait valoir fermement nos vues sur les F-16". Mais il a aussi semblé vouloir mettre un bémol aux critiques indiennes. "Cela peut créer des complications, mais je ne pense pas qu'il y ait de graves divergences d'opinion" avec les Etats-Unis, a-t-il dit. Le ministre indien a également rappelé la volonté de son pays d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'Onu -- un effort mené conjointement avec Berlin, Brasilia et Tokyo. Mme Rice ne s'est toutefois pas engagée sur un soutien américain aux ambitions indiennes. "Nous n'en sommes qu'au tout début du processus de réforme" des institutions onusiennes, a-t-elle dit. La secrétaire d'Etat doit avoir en fin de journée des entretiens avec le général Pervez Musharraf à Islamabad. Sa tournée, la première qu'elle effectue dans cette partie du monde depuis sa prise de fonctions fin janvier, la conduira ensuite en Afghanistan, au Japon, en Corée du Sud et en Chine.