Incendie Incendie de L'Haÿ-les-Roses, l'enquête s'oriente vers une piste criminelle Seize personnes, dont trois enfants, sont mortes et 10 autres ont été grièvement blessées dans l'incendie d'une tour de 18 étages à L'Haÿ-les-Roses dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 août et l'enquête s'oriente vers une piste criminelle. Trois jeunes filles, désignées à la police par des habitants de la cité aux témoignages "concordants", ont été entendues comme témoin avant d'être placées en garde à vue Quai des Orfèvres à Paris, selon une source policière. De premières informations avaient fait état de quatre personnes entendues comme témoin. La Brigade criminelle a été saisie de l'enquête. Selon le maire de la ville, Patrick Sève, plusieurs témoins ont affirmé avoir vu des jeunes mettre le feu aux boîtes aux lettres dans le hall de l'immeuble. "Les présomptions" d'une origine criminelle de l'incendie "sont assez fortes", a déclaré le secrétaire général de la préfecture, Jean-Luc Marx. 16 MORTS Le bilan s'est alourdi à 16 morts, lundi matin, après le décès, dimanche vers 22h15, à l'hôpital Saint-Antoine d'un homme âgé d'une vingtaine d'années qui avait été intoxiqué par les fumées. Les trois enfants décédés étaient âgés d'une dizaine d'années. Onze personnes ont été grièvement blessées, dont huit sont considérées comme des "urgences absolues". Ce nouvel incendie meurtrier, qui a éclaté dans le hall de la tour HLM de 110 appartements en bon état apparent, "n'a rien à voir" avec les récents incendies de deux squats parisiens qui ont fait 25 morts, a souligné le porte-parole des pompiers, le capitaine Michel Cros. Il a précisé que les victimes avaient été intoxiquées par le dégagement de fumée. Des corps ont été retrouvés jusque dans les plus hauts étages de la tour. L'incendie, maîtrisé peu avant 03h00, a également fait vingt blessés légers. "Ce sont les fumées qui ont tué les gens", a déclaré le capitaine Cros. Selon lui, "le feu a été extrêmement rapide et localisé" mais "il a généré des fumées dans toute la tour, la cage d'escalier et les appartements". Les pompiers ont réalisé au total 26 sauvetages et une femme, secourue par les pompiers, a accouché dans l'ambulance. Les pompiers avaient été appelés vers 1 h 10 et le plan rouge a été déclenché mobilisant plus de 160 hommes venus de 21 casernes. PANIQUE FATALE La tour, où vivaient entre 300 et 400 personnes, a été entièrement évacuée dans le courant de l'après-midi vers un gymnase voisin, a indiqué la préfecture. "Dès ce soir, des propositions de relogement dans des hôtels vont être faites aux familles", selon le maire. Le Conseil général a annoncé avoir trouvé une cinquantaine de logements pour héberger des familles, qui devraient réintégrer leur logement dans trois semaines au plus tard. Catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, s'est rendue à la sous-préfecture, ainsi que le ministre du logement Jean-Louis Borloo qui s'est également discrètement rendu sur les lieux de l'incendie, selon son entourage.Le bilan aurait pu être beaucoup moins lourd si les habitants, pris de panique en raison de la "psychose ambiante", n'avaient pas ouvert leur porte d'entrée, créant un appel d'air qui a permis à la fumée de se propager dans l'immeuble, selon le capitaine Cros. Ce sinistre meurtrier est le troisième en dix jours en région parisienne, après celui de l'incendie d'un immeuble du 13e arrondissement de Paris le 26 août (17 morts dont 14 enfants) squatté par des familles africaines dans lequel la piste criminelle est également privilégiée. Le 29 août, sept Ivoiriens, dont quatre enfants, ont péri dans un autre immeuble squatté dans le 3e arrondissement.