Manifestation Importantes émeutes anti-américaines en Afghanistan- Les manifestations anti-américaines ont gagné du terrain jeudi 12 mai en Afghanistan, où les autorités ont fait état de trois protestataires tués, dont un accidentellement.Plusieurs centaines d'étudiants scandant "Mort à l'Amérique !" se sont rassemblés dans le calme dans la capitale, Kaboul. D'autres manifestations ont tourné à la violence, au lendemain de la mort de quatre personnes dans des émeutes à Jalalabad (est du pays), qui ont fait également 70 blessés.Les manifestants entendent protester contre la profanation du Coran par des agents américains à Guantanamo, dont l'hebdomadaire Newsweek s'est fait récemment l'écho.Dans un district au sud-ouest de Jalalabad, des villageois en colère - dont certains étaient armés - ont tenté de marcher vers la ville mais en ont été empêchés par les forces de police, ont déclaré des responsables et des témoins. Les manifestants ont lancé des pierres contre les policiers et des coups de feu ont éclaté, tuant deux manifestants.Des manifestants s'en sont pris à des locaux de la police et de l'administration dans la province de Wardak, au sud-ouest de Kaboul. Un dépôt de munitions a été incendié et a explosé, tuant un manifestant, a déclaré le ministère de l'intérieur.Dans la province de Logar, au sud de Kaboul, des manifestants ont paralysé un grand axe routier et scandé "Mort à Bush !" et "Vive l'islam".Selon l'hebdomadaire Newsweek, l'enquête menée sur la base cubaine de Guantanamo au sujet d'éventuels sévices infligés à des détenus a révélé que des interrogateurs "avaient placé des Corans sur les toilettes" et que, dans un cas au moins, le Livre saint avait été jeté dans la cuvette et la chasse d'eau tirée.L'Arabie saoudite, berceau de l'islam, a fait savoir qu'elle suivait l'affaire avec une "vive indignation" et a réclamé l'ouverture sans attendre d'une enquête sur les accusations, rapporte l'agence de presse saoudienne SPA.LES ÉTATS-UNIS CHERCHENT À APAISER LE MONDE MUSULMANLe Pentagone a assuré que les premiers résultats d'enquête ne permettaient pas de confirmer les faits, tandis que la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, s'adressait "aux musulmans en Amérique et partout dans le monde" pour tenter de calmer le jeu.Mme Rice a tenu à donner une forme solennelle à ses propos sur cette affaire, en faisant une déclaration dès l'ouverture d'une audition devant une commission du Sénat."Nous honorons les livres sacrés de toutes les grandes religions du monde. Un manque de respect pour le Coran est pour nous tous quelque chose d'odieux. (...) La liberté de religion pour tous est un des principes fondateurs des Etats-Unis", a-t-elle déclaré."Si les faits sont prouvés, nous prendrons des mesures adéquates", a ajouté la chef de la diplomatie américaine, en assurant "partager et comprendre" l'émotion dans le monde musulman.Mme Rice a accusé à mots couverts des éléments radicaux de chercher à utiliser cette affaire pour attiser des sentiments anti-américains, et a appelé "nos amis à travers le monde à rejeter toute incitation à la violence de la part de ceux qui déforment nos intentions".Un premier examen des comptes-rendus d'interrogatoires n'apporte toutefois aucune preuve permettant de corroborer ces allégations, a indiqué le général Richard Myers, chef d'état major interarmées américain.Ces comptes-rendus "ne peuvent même pas confirmer qu'il y ait eu un quelconque incident dans les toilettes sauf un cas, encore à confirmer, rapporté par un gardien qui aurait vu un détenu déchirer des pages du Coran pour les mettre dans la cuvette des toilettes comme signe de protestation", a indiqué le général Myers.La base de Guantanamo abrite un centre de détention pour des personnes arrêtées par les forces américaines, principalement en Afghanistan, dans le cadre d'opérations antiterroristes.Les conditions de captivité sur la base, l'absence d'application de la convention de Genève sur les prisonniers de guerre ou encore l'absence de procès réguliers ont provoqué de multiples protestations dans la communauté internationale et parmi les organisations de défense des droits de l'homme.L'affaire des profanations complique également les efforts des Etats-Unis pour redresser leur image dans le monde musulman, gravement dégradée par la guerre en Irak et les sévices pratiqués par des soldats américains contre des prisonniers irakiens dans la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad.Washington a engagé un important effort diplomatique et de communication pour se présenter comme un héraut de la démocratisation et des droits de l'homme dans cette partie du monde, et rompre avec une image de soutien à des régimes autoritaires ou corrompus pourvu qu'ils soient pro-américains.
