Anniversaire Il y un an, la tragédie de BeslanLe 1er septembre 2004, jour de la rentrée scolaire, un commando pro-tchétchène prenait en otages près de 1 200 personnes -enfants, parents et enseignants- dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord, une petite république du Caucase russe. Deux jours plus tard, l'assaut des forces russes se terminait dans le sang, avec plus de 300 morts. Un an après la prise d'otages la plus meurtrière de l'Histoire, Beslan est une ville de blessures à vif et de questions sans réponses. Des habitants crient toujours vengeance contre les familles des membres du commando.Mais plus nombreux sont ceux qui demandent toute la vérité sur le siège commencé le 1er septembre et terminé le 3 par un massacre -330 morts, dont 186 enfants, dix militaires et deux membres des équipes de secours. Côté terroristes, 31 membres du commando sont morts. Le procès de l'unique survivant, le Tchétchène Nourpachi Koulaïev, qui se tient à Vladikavkaz, est suspendu jusqu'au 13 septembre. "Ils ont choisi de tuer les terroristes"Plusieurs questions demeurent. L'enquête officielle selon laquelle la plupart des otages ont été tués par des explosions déclenchées par les terroristes s'oppose ainsi à une contre-enquête d'habitants. Ces derniers ont trouvé des fragments de lance-flammes et ont forcé les enquêteurs à reconnaître leur utilisation par les forces de l'ordre.Les survivants et leurs familles posent aussi la question de la mauvaise préparation de l'assaut et de l'absence de responsables de haut rang. Les autorités et leurs médias ont maintenu pendant le siège que les otages n'étaient qu'environ 350 et que le commando n'avait pas de revendications précises. En réalité, plus de 1 100 personnes étaient retenues dans l'école, les terroristes demandant pour leur part le retrait des forces russes de Tchétchénie.Les preneurs d'otages y ont vu un refus de négocier et la préparation de l'opinion à un assaut meurtrier. Un survivant, Kazbek Missikov, est ainsi persuadé que la survie des otages n'était pas prioritaire pour les autorités. "Il y a deux opérations possibles. L'une vise à libérer les otages, l'autre à tuer les terroristes. Ils ont choisi cette dernière", dit-il.Les mères des victimes reçues par PoutineDans l'ambiance de choc créée par le drame, le président Vladimir Poutine avait introduit des réformes centralisatrices, censées renforcer l'ordre dans les provinces, mais critiquées comme anti-démocratiques, tel le remplacement de l'élection des chefs de région par leur désignation par le président. Un an après, le renforcement annoncé de l'appareil de sécurité n'a pas apporté de succès significatifs. Chamil Bassaïev, le chef de guerre tchétchène radical qui a revendiqué l'opération, est toujours actif et le conflit tchétchène fait des morts chaque jour.De leur côté, les mères des enfants tués à Beslan sont devenues une force politique de premier ordre et l'audience que doit leur accorder Vladimir Poutine vendredi crée un précédent important dans la vie du pays.Trois jours de deuilDe jeudi à samedi, trois jours de deuil ont été décrétés dans toute la république russe d'Ossétie du Nord, où se trouve Beslan. Samedi, un an jour pour jour après le dénouement, un monument intitulé "l'arbre de la vie" sera inauguré dans le cimetière, où les familles prendront part à des cérémonies de deuil.Le mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi, qui se présente comme un "mouvement de jeunesse démocrate antifasciste", organisera pour sa part une manifestation silencieuse à Moscou près de la Place Rouge samedi après-midi.A Moscou, la rentrée scolaire débutera jeudi par une minute de silence. La mairie de la capitale appelle aussi à observer une minute de silence samedi à 11h05, heure de Paris et organisera des dépôts de gerbe dans différents lieux de la capitale frappés par des attentats.
