Liberation Huang Qi est libreEmprisonné depuis juin 2000 pour avoir animé un site d'informations sur les disparus de Tiananmen, le cyberdissident chinois parrainé par tf1.fr a retrouvé la liberté, selon l'association Reporters Sans Frontières. Coïncidant avec le 16ème anniversaire de la répression de la place Tiananmen, la libération de Huang Qi, annoncée samedi par l'association Reporters Sans Frontières, a valeur de symbole dans un pays d'où tout souvenir du second "printemps de Pékin" est toujours officiellement banni. Le cyberdissident, filleul de tf1.fr, et lauréat en juin dernier du prix cyberliberté de Reporters sans frontières, a retrouvé la liberté au matin du 4 juin, après avoir passé 5 ans dans les prisons chinoises. Il est aujourd'hui assigné à résidence chez ses parents, dans un village situé à trois heures de train de son domicile de Chengdu.Arrêté en juin 2000 et inculpé en janvier suivant, ce jeune père de famille avait été condamné pour "subversion" et "incitation au renversement du pouvoir de l'Etat" le 9 mai 2003, au terme d'un procès mené dans des conditions obscures, sans que son épouse puisse y assister. Son seul tort : avoir créé en juin 1999 le site tianwang.com, destiné à diffuser des avis de recherche de personnes disparues en Chine, ouvert aux personnes "ayant quelque chose à dire". La justice lui reprochait notamment d'avoir laissé publier une lettre ouverte de Ding Zilin, mère d'un lycéen tué pendant le massacre du second printemps de Pékin, que les autorités s'obstinent à considérer comme un simple "incident contre-révolutionnaire".Chape de plomb sur le souvenir de TiananmenMais s'il est aujourd'hui hors de prison, l'état de santé de Huang Qi est préoccupant, selon RSF. Il souffre notamment de l'estomac et de violents maux de tête. Or, il ne pourra pas bénéficier d'un réel examen médical dans le village de Nei Giang, qu'il lui est interdit de quitter sans l'autorisation de la police. Par ailleurs, si sa femme et son fils ont pu le rejoindre chez ses parents momentanément, ils devront bientôt retourner à Chengdu, où elle travaille et où l'enfant est scolarisé.La mauvaise santé de Huang Qi est la conséquence des conditions extrêmement difficiles dans lesquelles il a été détenu, selon RSF. Si les conditions de sa détention s'étaient améliorées au fil des mois, dès le début de son incarcération, il avait été battu et avait eu les dents brisées. Alors que sa santé était fragile, on lui avait refusé des médicaments. Il a été de longs mois mis à l'écart, a dormi pendant un an et demi à même le sol, et n'a pratiquement pas vu sa femme durant tout son séjour dans les prisons chinoises.Aujourd'hui encore, tous ceux qui pourraient vouloir commémorer le souvenir du massacre de Tiananmen continuent à être sous surveillance policière. "Depuis 16 ans, je n'ai jamais pu me rendre le 3 juin à 11 heures du soir au carrefour de Muxidi, là où mon fils est mort", déplore ainsi Ding Zilin, chef de file des Mères de Tiananmen, dont la lettre ouverte publiée sur tianwang.com avait fourni le prétexte à l'arrestation de Huang Qi. Ce 4 juin 2005, des policiers étaient encore en bas de chez elle pour l'empêcher de commémorer la mort de son fils, tué à 17 ans d'une balle dans le dos.
