Procès Hormone de croissance : l'Institut Pasteur condamnéLa famille d'Icham Baouh, mort des suites de son traitement, sera indemnisée.L'Institut Pasteur a été condamné hier au civil par le tribunal de grande instance d'Alès (Gard) à indemniser la famille d'un homme de 25 ans, mort après avoir reçu un traitement à l'hormone de croissance. C'est la seconde condamnation de ce type : en janvier, la Cour de cassation avait confirmé la responsabilité de l'Institut Pasteur dans le décès, en juin 2001, d'une Montpelliéraine de 30 ans atteinte de la maladie de Creutzfeldt-Jakob à la suite d'un traitement censé la faire grandir.Dans les années 80, l'hormone française dite «extractive», destinée à favoriser la croissance de jeunes en déficit hypophysaire, était fabriquée à base d'hypophyses humaines prélevées sur des cadavres. Environ 900 enfants souffrant de retard de croissance ont été traités avec des lots suspects c'est-à-dire non retraités à l'urée qui neutralise le prion, vecteur de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.A partir de 1985, des scientifiques ont fait état de risques de contamination. Mais en France, ce type d'hormone a été utilisé jusqu'à son remplacement, en 1988, par un produit de synthèse. Selon l'Association des victimes de l'hormone de croissance, ces traitements seraient à l'origine de 106 décès.Hier, à Alès, le tribunal a décidé que la famille d'Icham Baouh recevrait solidairement 180 000 euros de l'Institut Pasteur et de l'Organisme national d'indemnisation des accidents médicaux. Il a également ordonné le paiement d'indemnités à la mère et aux trois soeurs de la victime.La présidente de l'Association des victimes, Jeanne Goerrain, a regretté que «dans cette procédure civile, seul l'Institut Pasteur soit poursuivi, alors que tous les autres coresponsables du drame sont ignorés».Il s'agit d'anciens responsables de France-Hypophyse, association chargée de la collecte des hypophyses, de l'Institut Pasteur qui pratiquait l'extraction de l'hormone, et de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCP), chargée du conditionnement et de la distribution, ainsi que des médecins collecteurs d'hypophyses. Maintenant, «toutes les familles des victimes attendent le procès au pénal», a commenté Jeanne Goerrain.
