Procès HLM des Hauts-de-Seine : Schuller et Balkany devant les juges Le député, maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany, et l'ancien aspirant à la mairie de Clichy Didier Schuller comparaissent à partir de mardi à Créteil dans le cadre d'un dossier phare des dérives du financement politique du RPR, l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. Marqué par une tentative de manipulation sans précédent d'un juge d'instruction, l'affaire "Schuller-Maréchal" montée contre le juge Eric Halphen, et une fuite de sept ans du principal prévenu, Didier Schuller, en République dominicaine, ce dossier trouve son épilogue après plus de dix ans d'enquête. "UN RETOUR D'ASCENSEUR" Didier Schuller, 58 ans, et Patrick Balkany, 56 ans, tous deux ex-élus RPR proches de Charles Pasqua, l'ancien "patron" du très riche conseil général des Hauts-de-Seine, se retrouvent à la barre du tribunal correctionnel aux côtés notamment de sept chefs d'entreprise. Ces derniers sont accusés d'avoir illégalement financé entre 1988 et 1995 la campagne de Didier Schuller à Clichy, ville tenue par le PS, en échange de marchés de l'office public HLM du département (OPDHLM-92), dont Didier Schuller était le directeur général et Patrick Balkany, le président. "Les entreprises qui se voyaient attribuer des marchés par l'office faisaient des dons spontanés, apportaient une contrepartie financière" à Didier Schuller, a résumé au cours de l'instruction l'un des prévenus, Jean-Paul Schimpf, homme d'affaires et ami de Didier Schuller. "Certains chefs d'entreprise ont parié sur mon élection à la mairie de Clichy, espérant avoir un retour d'ascenseur lorsque je serais maire", a également admis Didier Schuller. DE PRÉTENDUS RAPPORTS Sur les comptes en Suisse de sa mère, sur lesquels il avait procuration, les enquêteurs ont retrouvé 6,8 millions de francs (1 million d'euros) d'origine douteuse et 18 millions de francs (2,7 millions d'euros) sur un compte "Jungle", notamment destiné à financer sa fuite aux Caraïbes. La justice lui reproche aussi d'avoir fait financer son journal de campagne, Le Clichois, par des entreprises "amies" qui payaient à prix d'or des encarts publicitaires. Pour tous ces faits, Didier Schuller est poursuivi pour trafic d'influence et recel d'abus de biens sociaux, passibles de dix ans de prison. La dixième prévenue n'est autre que l'ex-compagne de Didier Schuller, Christel Delaval, 38 ans, dont le cabinet-conseil s'est vu rémunérer 1,5 million de francs (228 000 euros) pour de prétendus rapports, copiés sur des mémoires d'étudiants. Patrick Balkany n'est poursuivi que sur le volet du dossier concernant Christel Delaval, pour "complicité de trafic d'influence". Le parquet avait proposé en sa faveur un non-lieu général, mais le dernier juge d'instruction chargé de l'affaire, Jean-Paul Albert, a finalement retenu les accusations portées contre lui par Didier Schuller. "C'est sur instruction de M. Balkany que nous avons fait appel à certains amis politiques, par ailleurs chefs d'entreprise, pour que la rémunération de Mlle Delaval puisse être assurée (...)", a déclaré ce dernier. "Nous apporterons la contradiction à Didier Schuller", avance l'avocat du maire de Levallois, Me Grégoire Lafarge, qui rappelle que le parquet a estimé que "contre M. Balkany il n'y a rien". Quant à Didier Schuller, s'il entend se placer dans une défense "locale" – "cette affaire concerne d'abord le financement d'une campagne à Clichy" –, il n'exclut pas de s'exprimer sur "le financement du RPR" au niveau national "si on lui pose la question", selon son avocat, Me Jean-Marc Fedida. Après une première journée d'audience mardi, le procès ne reprendra que le 27 juin. Il se poursuivra jusqu'au 15 juillet.