Record historique du prix du pétrole à Londres La flambée du prix du pétrole s'explique notamment par des achats spéculatifs avant la réunion de l'OPEP le 16 mars en Iran et par des tensions sur les stocks de fioul, en particulier aux Etats-Unis.Les prix du pétrole ont fini à leur sommet depuis quatre mois, jeudi 3 mars, après avoir enregistré un nouveau record historique à Londres et frôlé leur record à New York, en raison d'achats spéculatifs massifs, sur fond d'inquiétudes liées à l'approvisionnement mondial du marché. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord a fini sur une progression de 73 cents à 51,95 dollars après avoir battu son record historique en séance : il a touché 53 dollars pour la première fois de son histoire vers 18 h 30.Il s'agit de son plus haut niveau depuis le début de la cotation de ce pétrole en 1980. Le brent a ainsi battu son précédent record historique, établi le 27 octobre 2004, à 51,94 dollars.A New York, le baril de brut pour livraison en avril a gagné 52 cents à 53,57 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), son plus haut niveau de clôture depuis le 26 octobre 2004, à l'issue d'une séance en dents de scie.Il était monté jusqu'à 55,20 dollars vers 18 h 30 (heure de Paris), très près de son record historique de 55,67 dollars, atteint le 25 octobre 2004 en séance.Le prix du "panier" de sept bruts mondiaux qui sert de référence à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a, lui, battu son record historique depuis sa création dans les années 1980, à 47,01 dollars le baril. "Il y a beaucoup d'achats spéculatifs avant la réunion de l'OPEP" le 16 mars à Ispahan en Iran, a commenté Jason Schenker, économiste de Wachovia Securities. "Les gens craignent que l'offre mondiale ne soit pas à la hauteur de la demande mondiale", qui reste étonnamment vigoureuse, ajoute M. Schenker.ACHATS SPÉCULATIFS ET TENSIONS SUR LES STOCKS"C'est essentiellement à cause d'achats de fonds spéculatifs, et aussi, à moindre échelle, des statistiques sur les stocks de gaz naturel et peut-être aussi des remarques d'un responsable de l'OPEP", explique Christopher Bellew, opérateur à la maison de courtage Bache Financial. Les stocks de gaz naturel américains ont reculé pour la 16e semaine consécutive la semaine dernière, diminuant de 3,03 milliards de mètres cubes à 45,65 milliards m3 la semaine dernière, même s'ils restent nettement supérieurs à leur niveau de l'an dernier à la même époque et aux moyennes saisonnières.Par ailleurs, le secrétaire général par intérim de l'OPEP, Adnane Chihabeddine, a jugé possible, jeudi, que le prix du pétrole atteigne les 80 dollars "dans les deux ans à venir", dans le quotidien koweïtien Al-Qabas.Pour Kevin Norrish, de la banque Barclays, "on est passé de l'idée qu'il y aurait un surplus de production au deuxième trimestre à la prise de conscience qu'il n'y en aurait pas et que, à moins que l'OPEP augmente sa production, l'approvisionnement du marché serait encore plus serré qu'il ne l'était à cette époque l'an dernier".Marshall Steeves remarque également que "le temps reste froid" dans le nord de l'Amérique du Nord, ce qui dope la consommation de fioul de chauffage dans cette région, qui consomme le plus de pétrole au monde.Or les stocks de fioul domestique américains sont en déclin depuis six semaines et inférieurs de 8 % à leur niveau d'il y a un an. Si les stocks américains d'essence sont très abondants pour le moment, les investisseurs craignent que la demande de carburant ne décolle elle aussi. Cela pourrait entraîner un approvisionnement tendu pendant l'été, saison haute de la consommation d'essence en raison des départs en vacances en voiture.Dans ce contexte, les spéculateurs sont revenus en force sur le marché. Selon les analystes, ils sont, à eux seuls, responsables d'une hausse de quelque 3 dollars des cours du brut.Pour Jason Schenker, le rapide repli des cours en fin de séance a été provoqué par un mouvement de prises de bénéfices. Mais avant la prochaine réunion du cartel pétrolier, il s'attend "à ce que la tendance du marché reste à la hausse".
