Rachat HIPPISME Les deux élevages ont été cédés pour un montant estimé entre 20 et 50 millions d'euros Les haras Lagardère rachetés par l'Aga Khan Deux ans, jour pour jour, après la mort de Jean-Luc Lagardère, le 14 mars 2003, les deux haras normands du capitaine d'industrie ont été vendus au prince Aga Khan, autre éleveur de renom. Les haras de l'Aga Khan ont eux-mêmes annoncé cette vente, confirmée par l'entourage d'Arnaud Lagardère. La transaction – d'un montant estimé entre 20 et 50 millions d'euros – inclut les deux élevages Lagardère : le Val-Henry, à Livarot dans le pays d'Auge, et Ouilly, à Pont-d'Ouilly, où Jean-Luc Lagardère se rendait régulièrement. Il était d'ailleurs inscrit sur les listes électorales de cette petite commune de 1098 habitants. La vente prévoit la reprise de l'ensemble du personnel (38 salariés à Ouilly) et 188 chevaux, dont 62 poulinières et 74 chevaux à l'entraînement. Sur les Hauts-d'Ouilly, l'une des collines de la Suisse normande, l'élevage Lagardère s'étend sur 200 hectares de prés impeccablement peignés. Un haras, c'est aussi une exploitation agricole : la vente a nécessité le feu vert de la Safer de Basse-Normandie. Les sociétés d'aménagement foncier et d'équipement rural, qui ont pour mission de préserver l'espace rural, doivent donner leur accord aux transactions foncières d'une certaine importance. Le haras d'Ouilly aligne des kilomètres de barrière derrière des talus dressés et des bas-côtés aussi bien entretenus que du gazon anglais. Au détour d'un virage, des boeufs paissent derrière une haie : l'alternance chevaux-bovins maintient une bonne qualité d'herbe. En lettres roses sur fond gris, les couleurs de l'écurie, les pancartes orientent les visiteurs : accueil, bureaux, barne de poulinage. «M. Lagardère a toujours travaillé à l'amélioration du haras qu'il a agrandi d'environ un tiers en rachetant de nouvelles terres, expliquait l'été dernier l'adjoint au maire Marcel Lecoq, 57 ans, voisin immédiat du haras. Il voulait en faire un des premiers haras de France et c'est réussi. Mais on a toujours entendu dire que le fils était beaucoup moins intéressé par les chevaux.» Dès la disparition brutale du fondateur de Matra, qui était aussi président de France-Galop, le désengagement de son fils Arnaud constituait une hypothèse crédible : les milieux hippiques savaient que le fils ne partageait pas la passion du père pour les chevaux, ni son goût pour la campagne normande. «Lui venait rarement à Ouilly», assure Marcel Lecoq. En juillet 2004, le déménagement des meubles de la maison par Betty Lagardère, après la mort de son mari, avait sonné comme un premier signal de départ. Reste que la vente des haras à un seul acquéreur évite le démantèlement de l'écurie : «Il aurait été dommage, estime un habitué des champs de courses, de voir un si bel ensemble partir en morceaux.»