Annonce Heurts lors d'une marche interdite d'homosexuels à Varsovie Les homosexuels et leurs sympathisants ont défilé sous haute protection policière, samedi 11 juin, dans le centre de la capitale polonaise, passant outre à l'interdiction de la manifestation par la municipalité. "Plus de 2 500 personnes ont participé à la manifestation d'homosexuels" et ont été confrontées "à quelque 300 contre-manifestants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de Varsovie. A la fin du défilé, des heurts se sont produits entre manifestants et contre-manifestants, et la police est intervenue. Trois personnes ont été blessées, dont un policier, et plus d'une dizaine de personnes ont été interpellées. Au début du rassemblement, devant le siège du Parlement, les participants, qui étaient alors 500, ont été la cible de jets d'œufs et d'injures de la part d'une centaine de jeunes d'extrême droite. "Assassins, pédophiles, déviants !", hurlaient ces jeunes, qui brandissaient des banderoles sur lesquelles était écrit : "Arrêtez de violer notre moralité sous prétexte de défendre la liberté !". "Fascistes !", leur répondaient les manifestants homosexuels. Sous les couleurs de l'arc-en-ciel, symbole des homosexuels, les manifestants tenaient des pancartes proclamant : "Droit de manifester - oui, droit à l'amour - oui, non au diktat de l'extrême droite". "Qu'on nous voie !", scandaient les homosexuels en défilant sur la principale artère de Varsovie. La police, qui avait déployé un cordon de sécurité entre les deux groupes, est intervenue à plusieurs reprises pour lever des barrages que les jeunes extrémistes avaient érigés sur le trajet du défilé. KACZYNSKI, MAIRE ET PRÉSIDENTIABLE, OPPOSÉ AUX DÉFILÉS HOMOSEXUELS Le vice-premier ministre polonais, Mme Izabela Jaruga-Nowacka, et deux députés Verts allemands, Claudia Roth et Volker Beck, étaient en tête du cortège pour exprimer leur solidarité avec les homosexuels polonais. "La persécution des gays et des lesbiennes est contraire aux valeurs démocratiques de l'Europe", a déclaré Mme Roth, présidente des Verts allemands, lors d'une conférence de presse avant le défilé. "La parade à Varsovie me fait penser aux parades en Allemagne il y a 30 ans. Nous avions également dû lutter pour nos droits", a déclaré à l'AFP Gunter Dworek, venu de Berlin avec son partenaire gay pour soutenir les homosexuels polonais. "Je suis lesbienne et citoyenne. Et c'est ma manifestation", a déclaré Jolanta Sicinska, 54 ans, Polonaise ayant longtemps vécu en Grande-Bretagne. "En Pologne, nous devons toujours vivre en cachette. En Grande-Bretagne, il est normal de se révéler homosexuel". Les députés allemands ont transmis au président polonais, au premier ministre et au président du Parlement un appel au respect des droits des homosexuels. La manifestation devant le Parlement était légale, mais l'autorisation de défiler dans les rues de Varsovie avait été refusée aux homosexuels. Le maire de Varsovie, Lech Kaczynski, avait interdit le défilé vendredi, déclarant que la demande qui lui avait été adressée contenait des vices de forme. Chef d'un parti de l'opposition de droite, Droit et Justice (PiS), M. Kaczynski est donné par les sondages en tête des intentions de vote pour l'élection présidentielle d'octobre. Il a toujours exprimé son opposition aux parades d'homosexuels, pour des raisons idéologiques, et avait déjà interdit le défilé en 2004. Selon un sondage publié samedi par le journal Gazeta Wyborcza, 55 % des Polonais soutiennent la décision de M. Kaczynski, contre 34 % qui la critiquent, et 11 % sont sans opinion.