Annonce Hervé Gaymard veut réduire les impôts des classes moyennes Mardi 8 février, Hervé Gaymard a exposé les "grandes lignes de sa politique économique pour les trente mois à venir". Fort de l'appui de Jacques Chirac, qui faisait défaut à son prédécesseur à Bercy, Nicolas Sarkozy, le ministre de l'économie inscrit son action dans la durée.La croissance vaut bien une conférence de presse. Et la "positive attitude" de Jean-Pierre Raffarin une déclinaison économique. Entouré du ministre délégué au budget et porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, du ministre délégué au commerce extérieur, François Loos, et du ministre délégué à l'industrie, Patrick Devedjian, le ministre de l'économie et des finances, Hervé Gaymard, a exposé, mardi 8 février, les "grandes lignes de sa politique économique pour les trente mois à venir". Trente mois ? Tant d'assurance dans la durée peut étonner. Mais le ministre de l'économie se targue d'avoir l'appui du président de la République, dont il est l'un des fidèles et des protégés. Voulant s'inscrire dans la durée, il a insisté sur la nécessité de pouvoir compter sur une certaine longévité. Pas seulement dans son intérêt mais aussi pour l'image de la France. Quelques jours après sa prise de fonction, lorsqu'il est allé rencontrer son homologue allemand, Hans Eichel, celui-ci n'a pas manqué de lui faire remarquer : "Tu es le sixième - ministre des finances français - que je rencontre en six ans."Cette présentation de M. Gaymard est intervenue à un moment décisif. Le gouvernement continue à tabler sur une croissance de l'économie de 2,5 % en 2005, alors que les économistes prévoient moins de 2 %. Certes, comme en 2004, plusieurs jours fériés tombent le week-end, allongeant la durée du travail, ce qui devrait doper la production et la croissance. Mais, les ménages et les industriels ne montrant pas une confiance franche en l'avenir, l'issue est incertaine. Or, rappelle Eric Heyer, économiste à l'OFCE, il faut 2 % de croissance pour faire baisser le chômage.Se situer au-dessus de ces 2 % suppose d'enrayer la "sinistrose", estime-t-on à Bercy. M. Gaymard veut donc donner des perspectives claires et cohérentes aux ménages et aux responsables économiques. Il a placé sa politique dans la lignée de "la feuille de route définie par Jacques Chirac" le 4 janvier, lors de la présentation des vœux des forces vives, et dans le "contrat 2005" du premier ministre. Quitte à se priver de tout effet de surprise.Pour soutenir la consommation des ménages, M. Gaymard a annoncé une mesure de court terme : la prolongation du dispositif initié par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à Bercy qui autorise, sans droits de succession, les dons d'argent entre générations. Il s'agit de remettre dans le circuit économique une partie de l'épargne des Français.Sans la chiffrer, M. Gaymard a également confirmé la baisse de l'impôt sur le revenu (IR). Adaptant la formule de Ronald Reagan "trop d'impôt tue l'impôt", il se dit persuadé que "trop d'impôt tue l'emploi" et voit dans la baisse de l'IR un moyen sûr de doper une croissance qu'il faudra, selon l'expression de M. Copé, " aller chercher avec les dents, dixième par dixième".M. Gaymard a précisé que la baisse de l'IR sera ciblée sur les classes moyennes et actives, "celles qui ont le plus fait les frais du passage à 35 heures du fait de la modération salariale", relève un de ses conseillers. Cibler la baisse sur le bas du barème est en outre moins coûteux budgétairement. Un argument de poids alors que M. Gaymard s'est engagé à maintenir les déficits publics sous le seuil de 3 % du produit intérieur brut (PIB) et a réaffirmé que la confiance passe par une "maîtrise durable de la dépense publique et de l'endettement". Le premier ministre insiste aussi sur ce point dans la lettre de cadrage envoyée lundi à tous les ministres.SIGNAUX AUX ENTREPRISESToujours dans cette perspective de soutenir le pouvoir d'achat - et après une phase d'hésitation du gouvernement - M. Gaymard a par ailleurs présenté une "réforme ambitieuse" de la loi Galland, qui régit les relations entre la grande distribution et les producteurs. Il veut également revoir le mode d'indexation des loyers pour ralentir leur progression, autoriser très vite la rémunération des comptes bancaires et élargir le crédit hypothécaire avant la fin 2005.Aux entreprises, M. Gaymard a adressé plusieurs signaux : poursuite des allégements de cotisations sociales, simplification des relations avec l'administration fiscale, plan pour l'exportation, plus de politique industrielle et, surtout, promesse de "poursuivre la modernisation du marché du travail et de sa réglementation".Le ministre de l'économie ne cache pas que c'est pour lui, avec le financement des entreprises, un des deux principaux points de "blocage" de l'économie. Derrière le chiraquien, qui défend la taxe Tobin à Davos, pointe donc un ministre plutôt libéral, qui justifie chacune de ses positions par "son expérience du terrain". Reste à savoir si ces nouvelles niches fiscales et ces pistes de réforme convaincront les ménages de continuer à consommer et les entreprises d'investir et d'embaucher.Sophie FayForte baisse du nombre de fonctionnairesJean-Pierre Raffarin a adressé à ses ministres, lundi 7 février, la lettre de cadrage budgétaire pour 2006, qui limite à 1,5 % - soit le strict taux d'inflation - la progression des dépenses de l'Etat. Cette lettre ne chiffre pas les baisses d'effectifs attendues dans la fonction publique. Elle évoque, au contraire, le recrutement de "55 000 à 60 000 agents" par l'Etat.Toutefois, 73 100 agents civils de l'Etat devant partir à la retraite en 2006, selon le ministère des finances, cela revient à supprimer 13 100 à 18 100 postes de fonctionnaires. Le gouvernement accélérerait ainsi le rythme : 1 090 postes ont été supprimés en 2003 dans la fonction publique d'Etat, 4 570 en 2004 et 7 200 doivent l'être en 2005.
