Mort de Hassan Gouled Aptidon
Mort Hassan Gouled Aptidon, le père de l'indépendance de DjiboutiL'ancien président et père de l'indépendance de Djibouti, Hassan Gouled Aptidon, est mort mardi 21 novembre à son domicile. Il était âgé de 90 ans. De religion musulmane, l'ancien chef d'Etat a été enterré mercredi à Djibouti, où un deuil de trois jours a été décrété par son successeur.Né en 1916 à Djibouti, Somali d'ethnie issa et du clan Mamassan, Hassan Gouled Aptidon avait été, au tout début de sa carrière, dans les années 1950, un partisan du maintien du Territoire des Afars et des Issas au sein d'une Communauté française imaginée par le général de Gaulle comme une alternative à l'indépendance pour les anciennes colonies.Le choix en faveur de la Communauté n'était pas surprenant venant d'un gaulliste historique comme Hassan Gouled - ainsi qu'on l'appelait. Le futur père de l'indépendance de Djibouti vouait une grande admiration à l'homme de l'appel du 18-Juin. Il milita d'ailleurs au sein du RPF puis de l'UNR, et il appela à voter oui au référendum de 1958 qui allait confirmer le retour au pouvoir du général de Gaulle.Paris allait lui en être reconnaissant en le nommant en novembre 1958 à la tête du gouvernement local. A ce poste, Hassan Gouled ne fit pas carrière, préférant revenir sur les bords de la Seine. Il avait été sénateur (1952-1958) ; il allait devenir député de la Côte française des Somalis avant de retrouver le Sénat en mars 1961.Que ce soit au Palais-Bourbon ou à celui du Luxembourg, il ne délaisse pas son pays. Sa carrière politique en métropole se double d'un engagement fort à Djibouti qui va le conduire à s'installer au coeur du jeu politique local, en 1975, par le biais de la Ligue populaire africaine pour l'indépendance (LPAI) dont il fut l'un des pères fondateurs.La Ligue n'est pas une formation hostile à l'influence française, loin s'en faut."Cette indépendance que nous aurons, nous la voulons avec la France et non pas contre elle", explique à l'époque Hassan Gouled Aptidon. De fait, s'il avait un reproche à adresser à la France, c'était de ne pas s'impliquer suffisamment dans la politique locale et de laisser les mains libres à son adversaire Ali Aref.Hassan Gouled reprochait à ce dernier, qui était le chef du gouvernement local, d'être un tribaliste et de faire la part trop belle à ses amis Afars au détriment des Issas. Hassan Gouled préconisait au contraire de maintenir l'équilibre entre les deux communautés, en particulier dans la répartition des postes de responsabilité.Ne se sentant pas soutenu par la métropole dans son combat contre Ali Aref, l'ancien gaulliste va en concevoir de l'amertume. Elle va l'amener à faire campagne pour le non au référendum de 1967, qui aboutit au départ du pouvoir du général de Gaulle, puis à prendre position en faveur du président du Sénat, Alain Poher, à l'élection présidentielle de 1969. Autant dire qu'Hassan Gouled n'était pas un homme de rupture, mais un conciliateur, un dialoguiste "empreint de sagesse politique", comme allait le qualifier un parlementaire français.C'est à cet homme-là, finalement plus favorable à une autonomie qu'à l'indépendance, qu'allait échoir d'être en 1977 le premier président de la République de Djibouti. Il fut élu le 24 juin à l'unanimité et par acclamations par les soixante-cinq membres de la Chambre des députés. Il avait même bénéficié du soutien "inconditionnel et sans limites" de son adversaire historique Ali Aref... Trois jours plus tard, l'indépendance de Djibouti était proclamée.Entre juin 1977 et mars 1999, où il choisit de céder le pouvoir à son dauphin, Ismaïl Omar Guelleh, son ancien chef de cabinet, Hassan Gouled fut fidèle à lui-même. Il s'appuya sur la France (généreuse sur le plan financier et protectrice sur le plan militaire) tout en pratiquant un savant équilibre sur le plan régional. Alors que l'Ethiopie et la Somalie s'embrasaient, la recette était bonne pour un Etat de petite taille, faiblement peuplé et dépourvu de ressources naturelles, mais elle s'accompagna très vite, sur le plan intérieur, d'une mise au pas des opposants par des méthodes musclées dénoncées par les associations internationales des droits de l'homme. Le président avait renié ses engagements d'avant l'indépendance.