Mort de Harry Shunkil
Mort Harry Shunkil avait immortalisé l'"envol" d'Yves Klein dans l'espace : Harry Shunk est mort à New York le 26 juin, dans une très grande pauvreté. Son décès n'a été déclaré que le 13 juillet, le temps pour les services sociaux de New York d'assurer la préservation de ses archives photographiques.Né à Trieste en 1942, selon ses biographes, en 1924, selon l'assistante sociale qui s'occupait de lui, Harry Shunk était venu à Paris en 1957, après avoir bourlingué en Irlande et en Grande-Bretagne.Il apprit son métier auprès de la photographe autrichienne Dora Kallmus, alors octogénaire, et se spécialisa dans les reportages et les portraits d'artistes, dont Yves Klein, qu'il suivit à partir de 1959.C'est ainsi qu'il photographia Klein et la terre en lévitation, ou le Saut dans le vide, des images qui, selon Gilbert Perlein, le conservateur du Musée de Nice et un des rares à avoir consacré une exposition à Harry Shunk, ont contribué fortement à forger le mythe de l'artiste.Ses reportages constituent un témoignage irremplaçable sur l'aventure du nouveau réalisme. Il travailla avec Arman, Christo et Jeanne-Claude, mais aussi Tinguely et Niki de Saint Phalle, qui l'emmenèrent à Montréal pour l'exposition mondiale de 1967. De là, il partit pour New York, où il devint proche de Rauschenberg, Lichtenstein ou Warhol, qu'il photographia uniquement vêtu d'un godemiché.Il documenta également les débuts de l'art conceptuel en réalisant, sur une idée de Willoughby Sharp, la couverture photographique des performances réalisées en 1971 par vingt-sept artistes, de Vito Acconci à Richard Serra en passant par John Baldessari sur le pier 18, un embarcadère désaffecté du port de New York.L'AVENIR DU FONDSIl était, depuis, bien oublié, même si, à l'initiative d'Alfred Pacquement, le Centre Pompidou lui avait naguère commandé un reportage photographique sur la vie artistique new-yorkaise.La question du devenir de son fonds photographique se pose désormais, pour lequel devraient converger vers son pauvre domicile de Manhattan tous les grands marchands et musées de la planète.Selon Didier Schulman, le responsable de la documentation du Musée national d'art moderne, qui s'attriste de ce que cette mort solitaire soit "symptomatique du statut de ces gens, qui, plus que des témoins, sont des relais, presque des coauteurs de ces oeuvres éphémères que sont les performances ou les installations", il s'agit là des plus importantes archives disponibles sur les avant-gardes du XXe siècle.