Mort de Hans-Jürgen Wischnewski
Mort Hans-Jürgen Wischnewski, ancien ministre ouest-allemand Emissaire discret dans plusieurs négociations délicates.L'ancien ministre ouest-allemand Hans-Jürgen Wischnewski, qui est mort à Cologne, jeudi 24 février, à l'âge de 82 ans, était avant tout un homme d'appareil. Sans doute fallait-il ce profil pour rebâtir après la guerre le Parti social-démocrate (SPD), traverser les tensions politiques nées de la division territoriale et de la guerre froide, accompagner la reconstruction de l'économie allemande et devenir un parti de masse dégagé du marxisme et favorable à l'économie de marché. Né le 24 juillet 1922 à Allenstein, alors en Prusse orientale, Hans-Jürgen Wischnewski adhère au SPD à la sortie de la guerre, qu'il termine comme lieutenant. Investi dans le mouvement syndical, il occupe dans sa région, puis au niveau national, toutes les fonctions qui accompagnent l'ascension d'un homme d'appareil. Il sera tour à tour activiste et secrétaire syndical, président d'une sous-région du parti à Cologne, chef des remuants Jusos, ces jeunes socialistes que dirigera aussi, plus tard, un certain Gerhard Schröder.La gestion est son métier : Wischnewski est secrétaire général du parti dès 1968, accède à la direction nationale deux ans plus tard, devient, en 1979, vice-président d'une formation dont il sera aussi, un court moment, trésorier. Evidemment, il est aussi, depuis 1957 et jusqu'en 1990, député au Bundestag, responsabilité qu'il cumulera, entre 1961 et 1965, avec un siège de député européen.Ministre de la coopération de 1966 à 1968, puis secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Hans-Jürgen Wischnewski acquiert toute sa notoriété lorsque le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt l'appelle à ses côtés à la chancellerie, en 1976. Avec rang de secrétaire d'Etat, il est le conseiller et l'émissaire discret du chancelier dans plusieurs affaires et négociations délicates.DÉTOURNEMENT D'AVIONDès les années 1950, Wischnewski a noué des contacts avec les nationalistes algériens qui luttent pour leur indépendance. Il continuera ensuite d'évoluer dans le monde arabe, y gagnant un surnom, "Ben Wisch", et y tissant des liens d'amitié qui aideront aux premières rencontres entre Palestiniens et Israéliens. Ces relations faciliteront aussi sa médiation, en octobre 1977, lorsqu'un commando germano-palestinien détourne un avion de la Lufthansa pour obtenir la libération d'Andreas Baader et des autres responsables de la Fraction armée rouge (RAF), détenus en Allemagne.Parti des Baléares, l'avion fait plusieurs escales dramatiques - au cours de l'une d'elles, le commandant de bord est assassiné et son corps est jeté sur la piste - avant d'atterrir à Mogadiscio (Somalie), où Wischnewski parvient à arracher aux autorités locales leur accord pour faire intervenir un commando antiterroriste arrivé d'Allemagne.L'avion est pris d'assaut, les ravisseurs sont tués et les otages libérés. Le lendemain, Andreas Baader et ses camarades se suicident dans leur cellule. Hans-Martin Schleyer, le patron des patrons allemands, enlevé par des complices de Baader pour obtenir sa libération, est retrouvé quelques heures plus tard, assassiné, dans un coffre de voiture.Hans-Jürgen Wischnewski s'était peu à peu retiré de la vie publique, négociant parfois, en Amérique latine, en Afrique ou dans les pays arabes, toujours dans la discrétion, quelques dossiers politiques épineux. On l'avait aperçu sur une chaise roulante, en novembre 2004, lors des obsèques de Yasser Arafat, dont il était l'ami. En 1997, ce dernier lui avait conféré la plus haute décoration palestinienne ; deux timbres en l'honneur des "amis de la Palestine" avaient été imprimés à son effigie.