Annonce Haïti : vivre après la tempête L'eau est partout présente, la population affamée et démunie, et les risques d'épidémie préoccupent toutes les organisations humanitaires. Quelques jours après le passage meurtrier de Jeanne, la région des Gonaïves reste difficile d'accès pour les convois d'aide. A Port-au-Prince comme aux Gonaïves, la ville ravagée par la tempête Jeanne, c'est la même atmosphère de fébrilité parmi les organisateurs des secours. "Deux avions sont arrivés de la Martinique avec 5 tonnes de fret, des tentes ; un autre arrive vendredi avec 25 tonnes de matériel", résume à tf1.fr Eric Bosque, chargé de la communication à l'ambassade de France d'Haïti, jonglant entre les conversations téléphoniques. "Des vivres, des pastilles de chlore et du matériel de purification de l'eau, des réservoirs, des motopompes… Beaucoup de dons d'ONG et d'entreprises françaises ; et c'est la direction de l'action humanitaire du Quai d'Orsay qui se charge de les acheminer. Nous attendons aussi dans les 36 heures deux autres avions de la Croix-Rouge avec 40 tonnes de matériel chacun". Le premier est prévu d'arriver ce vendredi matin. L'élan de solidarité internationale en faveur d'Haïti ne se dément pas : Brésil, Argentine, Venezuela, Cuba, Canada, France, Espagne, Suisse ont déjà envoyé une aide matérielle, des spécialistes, promis un soutien financier. Les organisations humanitaires comme Action Contre la Faim ou Oxfam se sont aussi mobilisées. De quoi largement subvenir aux besoins de la population : 500 tonnes de vivres étaient entreposées jeudi dans les stocks du Programme Alimentaire Mondial (PAM), en attente d'une distribution. Mais cette aide internationale se heurte toujours à d'importants problèmes d'acheminement vers les zones sinistrées. Les convois de camions encadrés par la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah) doivent emprunter des voies quasi-impraticables dans une zone déboisée, lagunaire, hautement propice aux inondations et où la tempête a fait d'autant plus de ravages. Centre d'hébergement aux Gonaïves  "Une détresse immense" "Les déplacements sont lents, difficiles", indique à tf1.fr le commandant Pelletier, qui coordonne les moyens militaires français en Haïti. "La route qui relie Port-au-Prince aux Gonaïves est en partie inondée." Quant à la ville elle-même, les rues et les bâtiments y sont toujours envahis par l'eau et la boue. La décrue s'est amorcée, mais un tiers des Gonaïves était encore inondé jeudi soir. "L'eau stagne, il en reste 80 cm dans certaines parties de la ville", rappelle le commandant Pelletier. Et la population démunie de tout attend une aide qui tarde. "Il faut non seulement des camions, mais aussi des bras pour porter les vivres, des hommes pour assurer la sécurité des camions et éviter les émeutes", souligne Eric Bosque. "Un camion a été pillé, reconnaît le commandant Pelletier, mais on ne peut pas vraiment parler d'agressivité : les gens ont faim, et quand ils voient un véhicule isolé, ils prennent ce qu'ils peuvent. En fait, la population est sous le choc, c'est une détresse immense". Malgré ces difficultés, l'aide s'organise peu à peu. "Aux Gonaïves, nous sommes en phase de consolidation", estime Eric Bosque. L'aide arrive lentement, mais régulièrement. Les distributions alimentaires ont commencé mercredi. Elles se poursuivaient jeudi, mais l'ampleur des besoins reste difficile à évaluer. "Enormément de gens ont tout perdu", indique à tf1.fr Eric Mouille-Farine, de la Minustah, qui chapeaute les opérations de secours. "Une vingtaine de centres d'hébergement ont été mis en place dans la ville, chacun regroupant 100 à 300 personnes. Mais beaucoup d'habitants sont aussi repartis pour trouver un toit chez des membres de leur famille." Beaucoup aussi errent dans les rues inondées : nombre des 900 blessés recensés jeudi présentaient ainsi des plaies aux membres inférieurs causées par cette marche interminable dans les zones submergées, ou pour être tombés des toits où ils avaient trouvé refuge. Et nombre de villages avoisinants sont toujours inaccessibles. La plus grande inquiétude aux Gonaïves ne concerne cependant pas l'approvisionnement, mais la situation sanitaire. Des centres de soins ont été mis sur pied en quatre points de la ville. "Il y a encore des milliers de bêtes mortes qui flottent partout", décrit Eric Bosque. Et c'est cette eau souillée que la population consomme, par manque d'eau potable. Après la tempête, les principaux dangers pour les Haïtiens ont désormais pour noms : choléra, diphtérie, fièvre typhoïde et paludisme. Bilan de la tempête Le dernier bilan provisoire du passage de Jeanne était vendredi de 1.147 morts, 1.250 disparus, 901 blessés et 297.926 sinistrés, selon la Protection civile ; mais on craint plus de 2.000 morts.